Profiter de la vie, enfin.

La vie comme un art

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Qui dit rentrée dit grandes résolutions… Je pense que cette année a un goût particulier pour moi. Le goût de la résignation. Disons que ce serait plutôt une texture parce que sinon il me faudrait définir si c’est un goût amer ou sucré et en l’occurrence, ce n’est qu’une résignation sans saveur. Une résignation apaisée, intégrée. Une douce résignation.

Ce qui est délicat quand on ne supporte pas la misère du monde, c’est de vivre. Parce que la misère est à chaque pas, flamboyante, majestueuse et provocatrice. Elle nous montre notre inutilité, notre inefficacité, tout ce que, personnellement, je ne supporte pas.

Vivre dans un monde de misère quand on ne la supporte pas c’est se battre contre soi pour se faire croire que l’on arrive à prendre sa part de plaisir malgré tout, ce qui est faux… Ou se battre pour les autres, en s’oubliant et en ne s’autorisant pas cette part de plaisir qui nous est dû comme à tous.

Je me suis souvent dit… Tout le temps dit en réalité, que je ferais don de moi aux autres pour lutter contre la misère jusqu’au moment où il ne serait plus possible pour moi même de nier que j’ai fait mon maximum, et accepter enfin de vivre en paix à côté de la misère dont on ne guérit pas en envoyant tous les autres se faire enculer. Pour rester dans des termes qui ressemblent au discours dans ma tête. Ne plus avoir rien à se prouver.

Alors je l’ai fait. Je me suis auto-formaté dès l'enfance pour me donner aux autres, gratuitement. Traverser les moqueries, traverser le rejet, traverser l’indifférence, la haine, la violence, pour faire ce don, de moi.

Une moi conservée quasi intacte depuis l’enfance, dans le refus totale d’une évolution qui dénaturerait ce que je connais de moi depuis que j’ai une conscience.

Traverser la vie comme une enfant qui se sait adulte pour arriver en haut et dire : c’est moi, je l’ai fait, pour vous, pour rien, comme une enfant, avec si peu de défenses qu’il vous ai dorénavant impossible de nier votre responsabilité dans votre misère, dans laquelle vous vous vautrez… Que je vois et que vous vivez.

J’aurais… Non… Plutôt, j’ai aimé trouver un homme qui partage ça avec moi. Je rêvais de trouver un homme qui partage ce moment précis de ma vie avec moi, c'était une vraie attente, un vrai désir et un vrai sens pour moi de trouver un homme à ce moment là. Le moment où je me mets moi même dans la plus grande misère en lui demandant de m’aimer sans m’en sortir, de jouer avec moi à vous dire de tout là haut, à terre, d’aller bien vous faire enculer. Parce que même à terre, on peut être plus haut que la plupart qui se pensent au sommet... Au sommet de la misère...

Trouver cet Autre, avec un grand A pour partager cette mission complètement folle que personne ne m’a demandé de faire et que je me suis offerte pour alléger ma conscience et me permettre de vivre, autant que je l’offre à tous pour lutter et vivre également… Debout. Victorieux. Contre la misère, contre le rejet, contre la haine, contre l’indifférence, contre la folie… Pour la joie.

Il m’a gâté. Toujours. Qu'Il en soit loué...

En me donnant cet Autre qui m’accepte. Moi, mes enfants, ma précarité, mon combat, mes faiblesses, ma roublardise, parfois.

Un alter ego. Un cadeau. Toujours.

Mais on a toutes nos limites. Même moi…

Alors il a fallut faire le point et constater que j’aime encore ma vie, telle qu’elle est. J’aime l’idée de reprendre la rentrée en ayant supprimé la cantine pour les enfants, ça me donne un frisson de l’impossible, du casse-tête de l’organisation, du don de moi à mes enfants en ne me laissant plus que quelques heures dans la journée pour faire ce que je veux…

Ce que je veux… Je vis dans ce que je veux…

Dans mon idéal, après avoir trouvé le fou qui serait ok pour partager ma vie de folle, je publiais mon livre qui dévoilait ma mission de génie et on se mariait en n’ayant plus ni lui, ni moi, à prouver ni notre amour pour les autres, ni notre gentillesse ou notre implication dans la société pour avancer dans un monde plus juste et plus harmonieux... Parce qu’on avait fait tout ça, on pouvait vivre librement, délivré de tous jugements hâtifs, de préjugés et de toutes ces merdes de gens misérables qui nous pourrissent la vie quand on est sensible à la misère. Parce qu'il ne m'avait pas sorti de la misère, je ne devenais jamais sa prostituée, sauf entre nous, en privée... Parce qu'il avait respecté mon combat je restais son égale. Parce qu'il m'avait aimé à ce moment précis, je lui donnais mon amour total et ma confiance.

C'était joli... Dans mon idéal.

Je ne vis peut être pas ma vie idéal, mais je vis quelque chose de tout aussi précieux : ma vie. Et j'ai toujours foi en demain. Je ne baisse pas les bras... Je les garde même grands ouverts... Je ne ferme pas les yeux sur la misère, mais je lui préfère maintenant les étoiles.

Alors il me tarde la rentrée, les gosses qui rentrent manger à la maison alors que dehors il pleut… Les Resto du cœur, les assistantes sociales, les mails de colère à l’école qui veut lobotomiser mes bébés… Ma vie. Put in a nutshell…

 


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