Ma mère m'a posé cette question ce week-end : comment fais-tu pour que tes animaux comme tes enfants t'écoutent comme ça ?...

Je les écoute, moi d'abord. Je les écoute beaucoup et je les regarde encore plus. J'apprends leur langage, leurs besoins et je me mets à leur service en essayant de faire en sorte qu'ils soient bien et en leur expliquant toujours ce que ça implique pour moi de faire en sorte qu'ils soient bien, de sorte que quand je ne peux pas leur donner ce bien être pour des raisons qui me mettraient à mal, ils le comprennent mieux que moi et m'aident pour que je sois bien et les remettent bien. C'est un cercle vertueux qui est fait de regards, de gestes gratuits et de beaucoup de paroles qui ne sont destinées qu'à la personne. C'est ce qui a fonctionné jusqu'à aujourd'hui avec mes animaux et avec mes enfants. Nous faisons bloc. Je travaille pour eux et ils travaillent pour moi.

Quand ma première fille est née, mais déjà quand elle était dans mon ventre, j'ai passé mon temps à l'observer, l'écouter, essayer de précéder ses désirs ou ses besoins. En réalité c'est cela la communication des humains, ça commence comme ça. Comprendre l'enfant qui communiquait déjà dans le ventre et retrouver à l'extérieur ce même langage qui n'appartenait qu'à la mère et l'enfant de l'intérieur. Et puis petit à petit, faire que ce langage sans mot, cet échange magique et tacite qui ne se vit qu'à deux puisse prendre corps dans le son de la voix de la mère qui le mettra dans la bouche de son enfant. C'est à la personne qui sait parler d'apprendre à la personne qui sait écouter plus que tout, le bébé, à prendre sa voix et à la suivre toute sa vie en réapprenant au passage à sa mère le plaisir d'écouter l'autre avec intensité et passion... C'est la plus belle mission sur terre, la maternité. Une mission d'écoute, puis de parole pour la transmission. C'est sublime.

Avec les animaux c'est à peu près la même chose, si ce n'est que l'animal convertit l'homme au silence et à sa propre sagesse. Ce n'est plus l'humain qui apprend à plus faible que lui à communiquer, mais bien l'animal qui apprend à l'humain à écouter et à (re)parler le langage tacite de la logique et du corps. Si ce n'est que les humains ne peuvent s'empêcher d'y mettre les mots. En réalité avec les animaux, de vagues sons leur suffiraient, mais on aime trop parler. Et comme ils aiment trop écouter, on peut faire alliance.

Ce sont deux mouvements inverses qui mènent à la même communication que ce soit avec un animal ou avec un enfant, mais deux mouvements qui en réalité participent de la même mécanique : se faire comprendre et se faire aimer pour partager la vie aussi joyeusement que possible.

Quand je parle à mes enfants, ou aux enfants en général, ou quand je parle aux animaux, je leur propose de regarder dans la même direction, pas forcément la mienne, mais celle qui est la plus profitable à tous et de me suivre en me permettant de les suivre pour que notre vie ensemble soit la plus joyeuse possible. Et on y travaille tous ensemble.

Le cercle vertueux. Ce n'est pas vraiment de l'obéissance. Ce serait plus quelque chose proche de la confiance. On se fait confiance.