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Crédits photo : franck mathiau.

 On dit souvent aux femmes battues qu'il ne faut pas attendre la première gifle pour partir et que dès le premier coups il faut sanctionner, porter plainte et ne plus jamais laisser l'agresseur recommencer, mais dans la réalité, les choses sont beaucoup plus difficiles, les frontières de la maltraitance plus obscures et profondes que ce que l'on pense et on ne peut s'en rendre compte complètement, je crois, que lorsqu'on en est sorti vraiment.

Quand j'ai rencontré le père de mes enfants, j'ai bien vu qu'il avait un grain, mais j'ai vu aussi que je savais manipuler ce grain à mon avantage. Je pense que de son côté il a bien vu que j'avais un grain aussi et comment le manipuler à son avantage. Sauf que 15 ans nous sépare. Son grain a eu le temps de germer en quelque chose de féroce alors que le mien n'était qu'à l'état larvaire. J'ai été manipulé par cet homme au delà de ce que j'aurais jamais pu imaginer et je suis la plus heureuse aujourd'hui d'avoir réussi à sortir de cette relation sans trop de dégât (même si je sais bien, 6 ans de célibat plus tard, que le mal est fait) et en emportant mes enfants loin de cette folie que je n'identifiais pas comme telle quand j'avais la tête dedans.

Quand je vivais avec le père de mes enfants au Maroc, je n'avais ni compte en banque, ni papier de résidence, pas de carte de séjour et ma fille, notre enfant n'avait aucun papier administratif. Il ne l'avait tout simplement pas déclaré comme il m'avait dit qu'il ferait. Tout ça peut paraître hallucinant quand on me connait et pour cause : je travaille depuis toute petite, j'ai étais autonome très vite, j'ai eu mon premier appartement seul après mon bac, je me suis géré entièrement très jeune et je passe pour être un fort caractère.

Seulement voilà, j'étais amoureuse et je voulais lui prouver que je n'étais pas avec lui pour son argent, pour sa réputation, pour je ne sais quoi d'autre...

J'avais une haute idée de lui complètement barrée puisque quand nous nous sommes mis ensemble il n'avait pas d'argent, on vivait sur mon salaire de pigiste, il avait une réputation de queutard taré et après avoir fait un enfant à sa maîtresse, il était en plein divorce d'avec sa vieille femme de 20 ans de plus que lui qu'il avait connu à peine majeur... Le plus sincèrement du monde, je ne voyais pas du tout les choses comme ça et je l'aimais. J'ai donc accepté de ne plus avoir d'identité, plus de pouvoir économique décisionnel et de vivre à travers sa validation constante parce que ça me rendait heureuse... Je me sentais importante, je me sentais puissante même... Parce qu'au fond, je dirigeais celui qui me dirigeait. Son état dépendait du mien et je n'avais que faire de toutes ces formalités autour de nous parce qu'à l'intérieur de notre relation, je me sentais maîtresse des lieux.

Bien sûr, j'ai râlé quand il n'a pas reconnu notre enfant comme il me l'avait fait croire et que de ce fait ma fille n'avait aucune existence légale. Bien sûr je râlais quand il me laissait seule à la Maison pour le déjeuner alors que je l'avais fait exprès pour lui... Bien sûr j'étais fatiguée de la façon dont il parlait de moi en publique, de sa façon de me perdre et de me laisser seule dans les soirées V.I.P(ères) où je ne connaissais personne et me sentais comme une godiche... Mais il était le père de mes enfants, je l'aimais et je voulais que mon couple marche et que ma famille se développe, je croyais vraiment en notre histoire ce qui je pense m'aveuglait. Et puis les rares fois où j'avais tenté de récupérer mes droits, j'avais pu constater que franck est protégé par l'état français lui même et jouit d'une totale impunité. Ce que j'ai pu tester par exemple face au consulat de France la première fois où j'ai essayé de m'échapper de son emprise où lorsque c'est moi qui ai été convoqué au commissariat pour être sommé d'arrêter avec mes plaintes pour abandon de famille qui n'ont jamais abouties ou encore quand la juge n'a jamais rien exigé de lui, ni présence, ni représentation lors de la demande de garde de nos enfants. Le type peut faire ce qu'il veut, face à lui, il me restera toujours uniquement mes yeux pour pleurer.

Je pressentais qu'il me trompait, mais il démentait et tout le monde le couvrait, comment aurais-je pu savoir ? Je sentais bien quelque chose de pas très normale dans ses relations avec les autres, mais surtout dans les relations que les autres avaient avec moi et leur façon toujours étrange de me traiter sans me connaître, qui avec défiance, qui avec pitié, qui avec méfiance... Je ne pouvais pas imaginer le moins du monde qu'il passait son temps à inventer des histoires sur mon dos... Pour ses amis en réalité, j'étais tantôt dépressive, tantôt à moitié folle, très fatiguée, la fille d'une prostituée, au gré de ses conquêtes il racontait n'importe quoi... J'étais à milles lieux d'imaginer qu'un humain puisse faire ça à un autre humain alors arriver à concevoir qu'un humain censé être amoureux de l'autre amoureux de lui puisse faire ça, encore moins, c'était de la science fiction pour moi !!

Surtout que de mon côté, je faisais mon bout de chemin le plus sainement du monde, c'en est même terrifiant quand j'y repense. J'élevais ma fille, je me faisais de nouvelles copines, j'apprenais à cuisiner, à faire de la peinture sur porcelaine, je construisais mon site Internet... Le jour et la nuit entre la réalité de moi qu'il donnait à penser aux autres pour se faire aimer/plaindre/envier selon ses besoin, et ma réalité quotidienne.

Jusqu'au jour où guillaume jobin président de l'esj Paris m'a proposé du travail : directrice pédagogique de l'esj Paris à Casablanca. Poste que j'ai accepté et qui m'a montré une toute autre facette de celui qui partageait ma vie. Cette nomination allait de paire avec ma nouvelle amitié avec fadila el gadin, cratrice marocaine en vogue dans les années 2010 qui avait décidé de me déniaiser, voir de transformer mon image de bonne petite Maman à la Maison, créatrice de maman.ma en future plus grande pute du Maroc à son exemple. Chose que j'ai fini par refuser avec le poste d'esclave à l'esj d'où j'ai finalement été licencié pour avoir refusé le patron en lui refourguant la fadila. Mais ! De ce moment de harcèlement à trois têtes, il est ressorti ce moment précis qui nous intéresse aujourd'hui : le jour où pour me punir de ne plus lui être docile et de remettre en cause toutes ces privations, le père de ma fille s'en est pris à elle, mon bébé d'à peine un an et demie...

J'étais parti à Tanger avec fadila pour quelques jours et pendant que nous faisions le tour de la ville, allant de palaces en lieux pittoresques tout en partageant notre vida loca sur les réseaux sociaux, le père de mes enfants m'envoyait des photos de mon enfant dont il avait la charge (avec l'aide quotidienne de notre bonne qui connaissait mon bébé depuis sa naissance)... Et quelles photos !!! Cet espèce de grand malade m'envoyait des photos de mon enfants la tête boursoufflée ou totalement nue dans la chambre de sa soeur qui avait déjà montré des signes de déviances sexuelles, des photos de mon enfant comme étant en train de se vomir dessus ou encore, à moitié enterrée dans le sable, sans crème solaire, ni chapeau, ni rien pour la protéger, sa peau blanche diaphane de rousse exposée sans aucune protection. Il tirait là où ça pourrait faire mal à mon coeur de mère. Le concept était de dire "Ah bon, tu veux partir vivre ta vie et t'amuser sans moi et me laisser notre enfant, pas de problème, regarde ce que je fais de ton enfant"...

Il savait très bien toutes les craintes que j'avais, ma façon de m'occuper de notre fille et il tirait dessus pour me pétrifier de peur. Et ça a marché. Il avait suffisamment bousillé ma confiance en moi. Il m'avait suffisamment isolé en m'empêchant d'exister en tant que moi même, que je n'avais d'autre choix que de redevenir celle qu'il voulait que je sois. Je suis rentré, mais grâce à une escapade avec fadila, mon passeport avait été remis à jour et mon séjour sur le sol marocain était de nouveau légal, je pouvais enfin entrer et sortir du territoire sans son aide. J'ai alors demandé à fadila d'arrêter de me contacter et à guillaume jobin également qui s'est rapproché de franck pour mieux me harceler à deux, puis trois avec fadila. J'ai perdu 5 kilos en quelques semaines. J'ai donc repris la seule place qui permettait qu'on me laisse tranquille. Ma place de mère. J'ai demandé à franck de me faire un autre enfant et c'est avec beaucoup de joie qu'il s'est exécuté puisqu'il savait que quelque chose de dégueulasse pointé son nez contre lui : une maîtresse éconduite en colère bien décidé à le démolir.

Je n'ai jamais regretté d'avoir demandé un autre enfant à franck et je remercie le Ciel chaque jour de me l'avoir donné. Car non seulement j'ai pu quitter cette home avec mes deux enfants, mais en prime, mes deux filles sont soeurs de sang du même père et de la même mère et pour moi qui vient d'une famille où cohabitent 3 mères et 3 pères, c'était très important...

Il a fallut encore 4 années de plus pour que j'arrive à vraiment quitter franck sans me retrouver à faire la manche dans la rue. Je souhaitais que ma toute petite connaisse son père, j'ai supporté, je suis revenue tout en cherchant toujours comment m'extraire de cette prison sans me salir et sans traumatiser mes enfants et j'ai réussi et même, comble du comble, le sommet de l'élégance, à la toute fin, c'est lui qui m'a quitté pour aller avec sa femme, celle avec qui il est aujourd'hui, la mère de ses enfants. Le bonheur. J'aurais voulu le faire, je n'y serais jamais arrivé.

C'est très compliqué. Tellement de paramètre entre en jeu dans une mise en couple et une séparation, que bien malin serait celui qui aurait une recette pour éviter les dangers. Pour ma part, je suis juste bien heureuse que mes filles soient venues au monde, je les aime d'un amour infini qui fait que je ne regretterait jamais leur père pour ne pas les regretter elles. Je suis heureuse qu'elles aient pu grandir en sécurité, loin des brimades sur moi ou sur elles, même si je regrette que cela implique qu'elles grandissent sans père.

Je suis très heureuse que mes petites n'aient pas eu l'image de moi qu'il donnait sans arrêt à tous et d'avoir réussi à me présenter devant elles et devant tous telle que je suis vraiment, comme je veux être. Libre à chacun de voir, ou pas.

Je n'aurais jamais pu imaginer que quelqu'un puisse être à ce point dégueulasse, méchant, cynique et sale dans sa tête et son rapport au monde pour transformer une personne qui l'aime en serpillère. Je crois que ce que je retiens de tout ça, si je peux, c'est qu'il faut absolument que je travaille sur la confiance en elles de mes filles et sur ce qu'implique l'amour comme acceptation de la liberté de l'autre, de leur liberté. Car je pense qu'une grande partie du problème venait de là : quand on aime quelqu'un, on l'élève vers le haut en lui faisant confiance, on ne l'emprisonne pas en pensant que s'il monte plus haut il s'envolera sans nous... Même s'il s'envole sans nous, la belle affaire... Il faut avoir bien peu de considération pour soi même pour penser qu'on ne peut être aimer que dans l'emprise et le mensonge, la crasse et la manipulation. Quelle triste vie.

Je ne saurais jamais ce qu'il a fait vraiment à ma fille pendant que j'étais à Tanger... Et peut être, tant mieux pour nous. Je n'ai que ces quelques photos que j'ai retrouvé en rangeant mon ordinateur pour me rappeler qu'il lui a fait quelque chose et pour témoigner et expliquer à mes enfants pourquoi j'ai fuit leur père plusieurs fois sans succès jusqu'au jour où j'ai enfin réussi, à le faire me quitter... Qu'il en soit ici à jamais remercié.

 

 


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