En France, nous avons la très grande chance de pouvoir choisir avec qui nous voulons avoir une relation sexuelle, une histoire d'amour ou un engagement plus fort avec en prime plusieurs degrés d'engagement possible en passant de l'union libre, par le Pacs ou le mariage. A nous revient donc la charge de choisir et d'assumer avec qui nous faisons des enfants. Mais comment faire ?
Vaste question ! Le choix du père répond à la fois à un vrai désir de choix de vie, de projet de construction familiale, mais aussi à toute une trajectoire de vie qui a été enclenché depuis l'enfance ! Faire un enfant n'est pas une mince affaire ! Il s'agit de répondre à la fois à ses propres aspirations, mais aussi aux aspirations de toute notre famille et même au delà, de la société dans laquelle nous vivons !
Faire un enfant avec un.e noir.e dans une famille blonde aux yeux bleux quand on vit à Lille n'a pas le même impact que faire un enfant avec une noire à Yaoundé quand on est blond aux yeux bleus par exemple pour parler de ce que je connais et élargir volontairement mon exemple aux extrêmes de la chose...
Il faut rajouter à ça les conditions économiques de la mère et du père et la position socio-professionnelle pour comprendre que c'est encore plus compliqué.
Personnellement, étant une adepte de la maternité non déléguée, donc de la mère au foyer, j'ai toujours voulu et je continuerais toujours à vouloir un homme qui travaille beaucoup. Pas forcément un homme riche, même si évidemment c'est un plus indéniable pour me mettre tout de suite à l'aise en me rassurant sur tout ce qui est matériel pour l'avenir de mon enfant à venir, mais le plus important pour moi est que le père de mon enfant soit un travailleur. Parce que je sais qu'étant une très grande travailleuse moi même, qui ne compte jamais ses heures dans son travail, je ne pourrais pas subvenir aux besoins d'un homme qui profite de la Maison que je construit avec des enfants qui du coups seraient privés de mes soins à leurs côtés, moi qui les connait depuis le ventre.
Concernant le choix ethnique du père, j'ai toujours voulu un homme très blanc avec une grande préférence pour les roux. Peut être parce que je suis métisse et que je voulais que mon enfant soit plus "adapté" que moi à son environnement en étant plus blanc donc plus en accord avec les français dominants.
Ensuite, professionnellement, mon addiction à mon travail de journaliste et de communicante radio ne me permettait pas beaucoup de possibilités pour choisir quelqu'un d'un autre milieu. Le journalisme est un très petit monde dans lequel le travail est très intense, très ludique et totalement chronophage. Pour survivre en couple dans ce milieu il faut partager le même quotidien (et encore, même dans ces conditions, la très grande majorité des couples journalistes divorcent)...
La dernière donnée à prendre en compte est le corps. Le corps parle. Quand l'horloge biologique sonne et que le corps réclame un enfant, il sait se faire entendre quand une alchimie se fait avec quelqu'un et qu'un enfant est possible.
J'ai une petite théorie sur ce coup de foudre qui conduit à un enfant... Cette décharge hormonale, électrique et quasi mystique qui lie d'instinct un homme avec une femme quand la possibilité de faire des enfants ensemble existe. Pour moi c'est cela le coup de foudre. C'est un "match" entre deux fonctionnement neurologique, biologique, psychologique, entre deux histoires, deux volontés, deux chemins qui mis l'un avec l'autre par le truchement du regard provoquent un feux d'artifice interne destiné à nous faire comprendre qu'une alliance est possible et qu'un amour peut naître et surtout, faire naître un fruit : un enfant.
Aux deux protagonistes ensuite de finaliser ou pas ce feux d'artifice et de le faire fructifier à leur façon, vers un enfant, ou ce vers quoi ils doivent marcher ensemble pour se fertiliser l'un l'autre.
Le coup de foudre a cela d'inexplicable qu'à la fois il répond à tout ce dont on a toujours rêvé et en même temps, il laisse souvent pantoise quant à la complexité de l'être ainsi aimé qui par plusieurs aspect ne correspond pas forcément non plus à ce qu'on aurait choisi en toute conscience.
J'ai eu la très grande chance de vivre un vrai coup de foudre avec le père de mes enfants et nous avons avancé l'un vers l'autre avec beaucoup de temps pour que mes petites viennent au monde et jamais de ma vie je n'ai regretté cela. Et je pense que l'amour sincère et intense que je ressentais pour le père de mes enfants a été et est encore aujourd'hui fondamental pour avancer malgré toute la suite de l'histoire qui n'est pas toujours tendre. C'est parce que j'ai aimé leur père si fort que je peux élever mes enfants coûte que coûte et vaille que vaille dans l'amour intense. Parce que c'est un amour intense qui les a fait naître et cet amour est en elles et ressort quand je regarde leurs têtes de soleil... Je vois très rarement la tête de leur père sur mes enfants alors même qu'elles lui ressemblent beaucoup toutes les deux. Je vois toujours la tête de l'amour... Quand mes yeux plongent dans leurs yeux, je vois le même amour que j'ai trouvé dans les yeux de leur père le premier jour où je lui ai parlé. Strictement le même. Un amour puissant qui me relie à elles du corps à l'esprit, des pieds à la tête.
Même si l'amour pour leur père n'est plus... L'amour pour mes filles est cet amour que j'ai donné. C'est son fruit. Sa suite. Celui que j'ai investi honnêtement dans un humain qui en échange m'a donné le sien jusqu'à m'en faire des enfants. C'est comme cela que je vois les choses. Avec amour.
On peut faire un enfant sans amour... On peut tout faire... Surtout quand on est désespérée et que le corps gronde pour réclamer un enfant jusqu'à en rendre folle... Mais au moment où l'enfant sera là, le visage de son père ressortira, le fonctionnement de sa famille paternelle s'exprimera... Et si on n'a pas aimé ce père, comment faire pour aimer les traits de cet enfant que nous ne connaîtront pas ? Ce sera plus compliqué. Mes filles ont le corps de leur père et parce que je l'ai aimé, ce corps, parce que je m'y suis intéressée, je suis plus à l'aise pour accompagner mes filles dans l'amour de leur corps. Quand on sait comment c'est déjà compliqué d'aimer son propre corps, alors faire aimer à nos enfants des corps qui ne nous ressemblent pas et de ne ressemblent pas à ce qu'on leur souhaitait, cela doit être un enfer.
Grâce à Dieu, il y a l'amour et pour aimer correctement son enfant, je parle par expérience, il faut avoir beaucoup aimer son père. Beaucoup beaucoup.