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Pour que la rue et l'espace publique soit toujours un endroit accueillant, il faut suivre quelques règles de bon sens...

Et malheureusement ces quelques règles de bon sens peinent à s'imposer. Personnellement, je ne peux pas parler d'un temps de civisme et de bon vivre ensemble que je n'ai pas connu pour vous le donner en exemple. J'ai toujours connu l'hostilité à partir du moment où je mettais le nez dehors depuis que je suis arrivée en France et cela fait 30 ans.

Que ce soit dans les cités où le danger est franchement présent, sans même se cacher, ou dans les centres villes ou le danger se donne des airs de bienséances quand il ne nous suit pas en nous insultant, jusqu'aux salons feutrés des institutions où le danger nous vouvoie en nous mettant la main au cul, je n'ai jamais connu le monde civilisé que nous cherchons toutes et tous.

Si j'ai beaucoup beaucoup râlé contre le harcèlement de rue au Maroc, j'ai depuis compris qu'en réalité j'étais autant harceleuse que harcelée puisque je ne savais absolument pas utiliser les rues du Maroc. C'est en les pratiquant que j'ai commencé à comprendre et à apprendre à gagner le droit, moi aussi, de marcher à pied dans la rue, ce que j'ai toujours fait.

Avec le temps je me suis donc forgé, comme nombreuses d'entre nous une liste de stratégie à adopter pour gagner ma paix dehors lors de mes déplacements et en ce moment, je me fais une joie de les enseigner à ma grande fille qui commence à en avoir besoin depuis que les regards se dirigent doucement sur elle.

Le code vestimentaire

Dans un monde idéal, on devrait pouvoir se promener comme on veut sans être inquiété. Et puis il y a la réalité.

Je pense personnellement qu'il ne faut pas tenter le diable et qu'il faut apprendre à nos enfants, garçons, comme filles à savoir se servir des codes vestimentaires à leur avantage. Cela ne veut pas dire bâcher nos filles et transformer nos garçons en nazis version Sims. Cela veut dire leur apprendre à être habillé en adéquation avec leur environnement pour savoir être accepté dans le groupe qu'ils ont besoin de fréquenter. On se bâche chez les bâchées et on se Sims chez les nazis. Et la paix règne. C'est cela la pudeur. C'est respecter le groupe, la communauté qui nous accueille en ayant le respect de leur montrer par le premier de tous les codes, le code vestimentaire, que nous ne sommes pas dégoûté par l'idée de leur ressembler, au contraire, que cela nous fait plaisir d'être accueilli parmi eux malgré les différences.

C'est pour cette raison que je suis et je reste opposée au port du voile en France.

De la même façon, je suis favorable au port de la mini jupe, mais pas dans les cités dites sensible à son utilisation. Par exemple.

La posture physique

Nous sommes des animaux. Et je ne le dis pas au sens péjoratif. Nous avons en nous un instinct animal qui prend tout son sens à l'extérieur. Si nous sortons de chez nous en état de faiblesse mentale, en se sentant inférieure, sur la défensive-peureuse... On ne se met pas en posture de dominant. Et cette posture de dominant, étrangement, peu de femmes l'utilisent à l'extérieur. Alors que s'il y a bien quelqu'un qui doit l'utiliser, c'est une femme !!! C'est à Lormont que j'ai appris ça, dans la cité où j'ai grandit. Le matin dans le bus, nous avions tous des têtes fermées, pleines de problèmes, occupées et concentrées et personne n'embêtait personne parce qu'on voyait bien que chacun avait son lot. Quand des jeunes faisaient les andouilles, ils faisaient toujours bien attention de ne pas s'approcher des plus tendus d'entre nous. C'est cette posture qu'il faut adopter dehors. La posture du "tu veux quoi j'ai déjà mes problèmes ça va partir direct". Si on capte cette posture là, on ne risquera jamais rien. Il faut arriver à avoir la tête des problèmes : celle qui en a et celle qui sait en apporter des biens plus gros qu'elle. C'est un visage fermé, mais non agressif, présent, mais non intrusif.

La gentillesse

Aborder une femme demande beaucoup de courage et c'est une grande mise en danger psychique pour les hommes parce qu'ils se jettent à l'eau pour proposer de s'ouvrir dans ce qu'ils ont de plus fragiles : leur sentiment amoureux. Ils peuvent faire les guignols et parader, mais la réalité est là, c'est un grand danger psychique. Parce que s'ils se font refouler violemment par la femme qu'il désire, cela les renvoie à tout l'échec de leur vie. Un échec qui malheureusement est souvent réel : ils n'ont pas d'argent, pas de charisme, pas les mots pour convaincre et n'ont pas su donner envie à une femme qui leur donnait envie, bien pire que ça, ils l'ont dégoûté au point de la fâcher. C'est terrible.

J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les hommes qui viennent me parler, qui font le premier pas. Parce que que je sais les efforts que ça demandent pour avoir fait ses mêmes efforts plusieurs fois avec des hommes qui m'intéressaient et m'être pris des vestes et je sais aussi que longtemps je faisais peur. Jusqu'à présent j'ai toujours mis un point d'honneur à accueillir gentiment les hommes qui venaient me parler, à faire la conversation avec eux autant que je pouvais et à nous séparer en bon terme. Les premières fois où j'ai arrêté de refuser sèchement les propositions dans la rue et où j'ai commencé à sourire en déclinant gentiment ont changé ma vie. Je me suis graduellement formé à mieux accueillir les compliments, à savoir répondre avec gentillesse, sans dire oui... Ensuite je me suis amusée à devenir très familière avec mes interlocuteurs de rue, à me mettre à leur niveau dans le jeu, sans dire oui, mais sans être méchante et petit à petit j'ai commencé à franchement jouer avec les hommes qui me complimentaient ou m'aborder, soit en leur retournant des compliments quand c'était possible, soit en trouvant des tournures de phrases qui les faisaient rire et là j'ai compris l'avantage qu'il y avait à savoir utiliser la rue correctement : régner sur son territoire en toute harmonie. Profiter non seulement de l'espace urbain, mais aussi des gens qui le fréquentent.

Fréquenter les gens à l'extérieur

Je pense qu'une des raisons du harcèlement de rue viens du fait que les filles ou les garçons qui se font harceler ne pratiquent pas couramment leur territoire. Soit ils sont nouveaux et doivent faire leur place et donc leur preuve, soit ils ne parlent à personne et personne ne les connait ce qui fait naître ragots et fantasmes...

Le fait de pratiquer son environnement, de parler aux commerçants, aux habitants, de devenir un visage familier protège des mauvaises rencontres parce qu'entre une mauvaise rencontre il y en aura vingt autour pour répliquer. Connaître son quartier donne aussi des points de repère en cas de besoin de repli stratégique, mais généralement, quand on est connu, que sa famille est identifié et qu'on a réussi à tisser du lien social, le harcèlement de rue n'a plus lieu d'être. Ce qui posera problème ce sont les déplacements de population engendré par la gentrification par exemple ou par l'immigration.

Chanter

Quand on marche à l'extérieur, chanter aide à se donner une présence, une prestance et une aura de paix. Il ne s'agit pas de chanter à tue tête, mais de fredonner tranquillement. Et puis ça détend.

Le bon sens

Sortir en mini jupe alcoolisée dans un quartier où alcool et drogue circule, sortir dans un quartier ouvertement homophobe habillé en drag queen, traverser skinland quand on est noir ou arabe à 3h du matin, c'est un appel à se faire trépaner. Point. Fin du débat. Réfléchissez.

Vous pouvez toujours demander plus de répression, plus de loi, plus de foutage de gueule, ça ne changera pas la donne : il y a des fous dehors, il y aura toujours des fous dehors et c'est la responsabilité de chacun de s'y préparer, de faire de son possible pour ne pas les croiser ou les rendre plus fous... En préparant ses enfants.

 


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