C'est pas évident de mettre des mots sur ce qu'il c'est passé... Je me suis faite avoir comme une gamine de 3 ans... Moi et toute ma famille. On a rencontré un escroc de première catégorie, une personne tellement abjecte qu'on se demande si l'humanité peut comporter de telle m...
Ce matin, j'ai lu un papier sur les pervers narcissiques et j'y ai retrouvé des traits de caractère de mon agresseur. Parce qu'il y a vraiment eu une agression, le mot n'est pas fort...
Voilà ce que dit l'article :
Dix ans après ses révélations sur le harcèlement moral, Marie-France Hirigoyen publie un nouveau livre sur les "Abus de faiblesse et autres manipulations"(JC Lattès) (lire des extraits dans le magazine). Dans cet inventaire des ruses perverses, il est aussi question de ce mal quâon commence à nommer : la perversion narcissique, et de son mode opératoire, la prédation morale.
Lâexpression entre dans la conversation. Ce nâest pas un abus de langage ni une lubie mais le signe, selon certains thérapeutes qui voient en consultation "de plus en plus de traumatisés psychiques", d'une pathologie en recrudescence. Il entrerait dans les relations humaines une perversité grandissante, c'est-Ã -dire un rapport à lâautre purement utilitaire, en résonance avec lâidéologie de surconsommation des dernières décennies.
Poison lent au bureau, la perversion narcissique est dans le huis clos familial si ignoble que les psychanalystes Maurice Hurni et Giovanna Stoll, auteurs de "Saccages au quotidien" (LâHarmattan), évoquent une "réalité clinique qui soulève notre révolte et même notre horreur".
Autant dâhommes que de femmes seraient confrontés à un prédateur. Lâautre est un territoire à annexer. Le pervers va prendre contrôle de son partenaire en utilisant ses faiblesses pour affirmer sa force. Le ressort profond dâune personne perverse est lâabsence dâempathie, permettant de manœuvrer sans états dââme, voire avec cruauté, pour transférer à lâautre la dépression ou la psychose quâelle cherche à éviter.
Cette acrobatie psychiatrique la rend extrêmement dangereuse. Ceux et celles qui se heurtent à sa froide mécanique ne sont soupçonnables ni de masochisme ni de complaisance victimaire. Ils sont retenus par un lien complexe : lâemprise, véritable domination sur lâesprit de lâautre.
Caroline, 42 ans, avocate, témoigne : "Le jour où je l'ai quitté, il est devenu fou"
"Jâai retrouvé Jean il y a cinq ans, que je croisais depuis longtemps sans vraiment le connaître. Immédiatement, jâai eu lâimpression dâêtre extrêmement bien comprise. Ces gens ont quelque chose que lâon prend pour de lâempathie mais en fait câest le jeu de la capture.
Dès le début, il a réveillé lâidée que le grand amour est toujours possible, câest comme sâil mettait en mot mes attentes. Il venait dâêtre quitté, il mâa fait rire et mâa ému dans sa détresse. Jâétais touchée par sa confiance. Le pervers narcissique, câest le piège de la compassion.
Un soir, il m'a dit qu'il comprenait enfin pourquoi il n'avait jamais voulu d'enfant : avant moi il n'avait pas trouvé la femme qui fasse naître ce désir. Il voulait tout avec moi, vivre ensemble, faire un enfant, être l'épaule qui me rassure, vieillir à mes côtés, tout mais pas de mensonge ni de tromperie entre nous. Le lendemain matin, jâai quitté lâhomme avec qui je vivais depuis 5 ans.
Immédiatement il est devenu plus froid. Il se fâchait, disait quâil doutait de mon amour. Plus j'essayais de lui prouver, plus il était distant, narquois. Il disait que "finalement, j'étais comme les autres, et quâil resterait seul toute sa vie", et que si je l'aimais vraiment, il fallait que je lâaide professionnellement, que je lui présente des gens. Jâai utilisé mon réseau pour l'aider, pour lui prouver. On a fait le tour de mon carnet d'adresses, il était déçu du résultat.
"Je me
recroquevillais de plus en plus"
Il me disait : "Toi tu es intelligente mais tu nâes pas maligne". Finalement, je ne lui servais à rien, qu'Ã perdre son temps. Il parlait en boucle de ses problèmes. Je ne devais pas lâinterrompre. Il devenait de plus en plus irascible puis il revenait comme si de rien nâétait. Jâavais peur que ça dégénère de nouveau. Je ne disais rien et je me recroquevillais de plus en plus.
Il était toujours très préoccupé de lui-même, hypocondriaque, à tâenvoyer balader si tu poses une question, et à te le reprocher si tu nâen poses aucune. Il y avait cette façon de faire le vide autour de moi. En me faisant parler de mes amis, pour casser ceux avec qui jâavais des difficultés. Les autres, il les a vus une fois pour les dégommer. Il y avait la punition par lâabsence.
Je me souviens dâune fois, on avait passé une bonne soirée. Le lendemain, il mâappelle en disant : "Câest vraiment moche ce que tu as fait, salope". Et là , silence pendant une semaine. Toi, tu cherches une explication. Tu te dis que forcément, pour quâil soit dans une telle colère, quelquâun a dû lui dire quelque chose de terrible sur toi. Il te laisse comme ça pendant huit jours, et toi tu nâas rien à quoi te raccrocher pour comprendre. Quand il revient, tu veux en parler et il te dit : "Non, non, surtout pas, ça va encore mâénerver". Et comme toute la semaine tu es passée par les larmes, les demandes dâexplication sur répondeur, la peur que ce soit fini, tu nâinsistes pas.
La punition par l'abstinence
Il y avait la punition par lâabstinence. Quand on allait au lit, il prenait deux Stilnox, me faisait enfiler un grand pyjama et sâendormait à lâautre bout du lit. Il me disait que jâavais "un cul à la place du cerveau". Ca me faisait pleurer. Si tu te plains, tu es une pleurnicheuse ; si tu te fâches, une hystérique ; si tu tâattristes, une dépressive. Cette histoire a duré plus dâun an. Le jour où j'ai pu le quitter, il est devenu fou, m'a collée au mur, il voulu m'étrangler. Je me suis défendue. Il a claqué la porte et n'est pas revenu.
Je me suis souvent demandé, depuis, pourquoi je nâétais pas partie plus vite. Avec ces gens, tu te prends un bus dans la gueule et tu te retrouves K.O sans comprendre. Tu cherches du sens. Et ça peut durer très longtemps car il nây en a pas. Dès que tu te rattaches à une logique, tu commences à réagir. Mais tant quâil nây a pas de logique, tu es paralysée."
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