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Depuis 7 ans je partage ma vie avec une robe... La robe Mama Africa. Aujourd'hui j'aimerais lui rendre hommage, la mettre à l'honneur et raconter son histoire. Plus qu'une robe, cette robe a fortement marqué ma vie dans tous les sens du terme...

Je n'ai jamais rêvé de mon mariage comme beaucoup de petites filles. Non... Mais je crois que j'ai souvent rêvé de porter mon enfant à l'africaine, dans un pagne en wax, dans mon dos. Cette image de la mère qui porte son enfant dans un pagne est pour moi une des plus belles représentations mentales que j'ai dans mon monde intérieur. Je crois que dans ma tête de petite fille, devenir une femme ne passait pas par le mariage, la Maison, la voiture ou le travail, mais plutôt par cette image puissante dans ma tête d'une femme qui porte son enfant sur son dos, enveloppé dans un pagne.

Naturellement quand ma fille aînée est venu au monde, la seule et première chose que j'ai demandé à ma mère qui venait me rendre visite au Maroc pour rencontrer ma fille, c'était de me ramener des pagnes pour que je puisse porter mon enfant. J'en mourrais d'impatience et à l'époque il n'était pas facile de trouver des tissus africains à Casablanca sans passer par l'import et je ne connaissais encore personne... Ma mère m'a ramené un pagne que j'ai adoré, avec des gros papillons orange et vert fluo... J'ai ainsi pu apprendre à porter ma fille, mais pas comme une africaine, dans le dos... Comme une européenne, nouée en kangourou, le plus souvent sur mon ventre... Le bonheur. J'ai tellement aimé porter ma fille... Nous étions inséparables, je l'amenais partout dans notre pagne. Ce tissu était nous. Nous nous enroulions dedans et nous partions elle et moi comme des exploratrices pour découvrir Casablanca et la vie. J'ai appris à vivre avec ma fille, elle a été toute la concentration de mon monde, je n'avais d'yeux que pour elle et elle n'en avait que pour moi. Dire que nous avons était fusionnelles, c'est peu dire. Nous étions une personne à deux corps, liées par un tissu de 5 yards qui posé nos coeurs l'un contre l'autre, nos souffles liés. Je serais éternellement nostalgique de cette période car elle est la plus belle de toute ma vie.

Quand mon enfant a commencé à marcher et à peser trop lourd, j'ai rangé mon pagne dans son placard.

Et à la naissance de ma deuxième fille, je l'ai ressorti avec bonheur pour revivre encore ces moments de communion. Jusqu'en 2012, année ou ma petite dernière a fait ses premiers pas.

Je ne voulais pas que ce tissu soit un tissu comme un autre rangé dans mon armoire à prendre la poussière, je ne voulais pas le ranger dans l'armoire. Je voulais qu'il soit magnifié, remercié, qu'il vive encore et reste ce moment de réconfort, de joie, de découverte du monde qu'il avait été pour moi. Je voulais le garder dans ma vie, le porter encore.

Alors j'ai pris ma robe de grossesse préférée, dans laquelle j'avais tant aimé porter mes bébés dans mon ventre, la robe dans laquelle j'étais la plus à l'aise. Une robe toute simple achetée chez H&M du temps où j'étais serveuse et qui consistait en une jupe parapluie longue et deux petites bandes à nouer autour du cou pour faire la brassière. C'était le modèle que je voulais, mais je voulais l'améliorer encore...

En faisant des recherches sur Internet, je suis tombé sur la vidéo d'une robe qui pouvait s'attacher de 21 façons. C'était exactement le même principe que ma robe, mais les bandes à attacher autour du cou était plus longue pour permettre de varier les noeuds et donc la physionomie de la robe. Je suis tombé amoureuse de ce modèle et ce n'est que des années après que j'ai appris que la robe "Infinity dress" est un classique de la couture... Je l'ignorais, je me suis donc rendu le feu aux joues chez un vieux tout petit tailleur de Maârif pour faire confectionner ma robe, vu que je ne savais pas coudre. Je n'avais même pas en tête qu'il était possible que je puisse créer des vêtements. Je voulais impérativement sauver mon tissu et continuer mon histoire avec lui, c'était mon seul et unique but.

J'ai crée un lien de respect, de tendresse et de partage avec le tailleur casablancais et nous avons travaillé ensemble à créer ma robe. Ce vieux monsieur, comme il se définissait lui même, m'a donné bien plus qu'une robe...

Cette toute petite boutique casablancaise a été pour moi le refuge de toute ma vie quand je me sentais perdue, seule et triste. Quand ma vie entière semblait partir en lambeau, quand mon couple ne voulait plus rien dire et que la joie de vivre partait de moi... Dans ces tous petits mètres carrés, je trouvais... Moi. La vie. Simple. Gentille. Belle. Et désintéressée. Je trouvais une personne qui me donnait de la valeur en en donnant à mon travail que je ne considérais même pas comme telle... Il a fallut des semaines avant d'arriver à mettre au point notre robe et qu'elle ressemble à ce que je voulais qu'elle soit. Ma robe... J'ai changé la ceinture, nous avons travaillé les pans du bustier, réfléchit à la taille idéale pour qu'elle ne soit ni trop longue, ni pas assez. Nous avons ri, aussi. Souvent. Dans le respect.

J'ai appris à m'exprimer, à faire sortir de ma tête ce que j'y avais pour le concrétiser dans un vêtement et sans même m'en rendre compte je suis devenue créatrice de mode. Un jour, pendant que j'étais en train de taquiner mon tailleur en lui expliquant un vêtement que j'aimerais faire, il m'a regardé avec toute sa malice, a planté ses vieux yeux dans mes yeux et m'a dit "Madame, vous êtes une créatrice. Ce que vous faites là, c'est de la création. Vous avez quelque chose... Vous êtes une vraie créatrice."

Je pense que j'ai juste ri. Comme je faisais à chaque fois qu'il me taquinait face à mes demandes farfelus. J'ai dû dire "ah bon, merci..." avant d'enchaîner sur autre chose pour fuir la gêne... ça me ressemblerait bien de faire ça...

Je crois que j'ai appris à ce tailleur à accepter que parfois, le doux farfelu amène à quelque chose d'intelligent quand il est accompagné par la tendresse de l'expérience, la sienne et lui m'a appris que le respect que l'on donne à un tout petit tailleur conjugué à l'exigence que l'on garde pour soi peut nous conduire à découvrir une créatrice farfelue et timide tapie en nous qui ne demandais qu'à apprendre à s'exprimer...

La robe "Mama Africa is the future" est née comme ça... D'une envie d'être une femme comme les autres, d'un bébé, d'une Mamie, d'un tissu, d'une robe, d'une vidéo chinoise sur Internet et enfin de la collaboration d'un vieux Tailleur Casablancais et d'une petite Maman farfelue qui voulait absolument prolonger les premiers mois de vie de ses bébés contre sa peau.

La suite de l'histoire, on la connait... Elle est raconté partout sur www.mama.africa


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