Ce matin je me suis réveillée avec une théorie géniale sur l'utilisation de la gentillesse comme exercice d'amélioration et de renforcement du coeur...
Je suis gentille. Trop. Depuis des années, depuis toujours je crois, je passe pour une débile, naïve et niaise (ce sont les vrais mots qu'on utilise pour moi) à qui on peut faire gober n'importe quoi et qui donne à manger à plus gros que soi.
Mais ça, c'était avant... Depuis que j'ai des enfants, j'ai décidé d'utiliser ma gentillesse autrement. Je suis par exemple beaucoup beaucoup moins gentille avec les membres de ma famille proche. Je ne permets plus d'intrusion dans ma vie ou celle de mes enfants. C'est chasse gardée. Autant que possible, j'ai décidé de donner la plus grande partie de ce que je suis, la majorité de ma gentillesse, à mes enfants. C'est ce que je lègue au monde. Ma façon à moi d'être gentille avec les autres, en laissant derrière moi deux humains de qualité dans lesquelles j'ai mis le meilleur de moi, tout ce que je pouvais trouver de bon. Je m'accroche à cette idée pour éviter d'éparpiller ma gentillesse aux quatre vents comme je le faisais naguère avec plaisir et amusement.
Parce qu'en réalité, c'est très très drôle d'être gentille. C'est un vrai sport qui demande beaucoup de capacité de compréhension, d'adaptation, de distance entre l'autre et soi, mais aussi de cohésion entre soi et le reste des humains. La gentillesse et cette private joke qui ne doit jamais nous quitter. Ce bon tour que l'on joue à l'autre, qu'il ne comprendra peut être jamais, mais qui, nous le savons aura des répercutions positives et pérennes sur sa vie et donc celle de son entourage. C'est cette action que l'on fait sans crier gare, sans la revendiquer, sans même la garder en mémoire, juste pour faire du bien à un autre ou un groupe d'autres.
Tout comme la méchanceté, qui est déjà en soi une punition quand elle s'exprime puisqu'elle révèle sa présence dans un mauvais coeur... La gentillesse est une récompense en elle même puisqu'elle révèle une bonne santé autant physique que mentale du praticien.
Ma théorie est que certains naissent avec un petit coeur, physique. Ils n'ont pas les capacités physiologiques de se servir de leur coeur d'une façon optimale et peuvent vite souffrir de maux liés à tout ce qui va avec cet organe : mauvaise sécrétion de l'hormone du bonheur, difficulté à aimer, mais aussi à arrêter d'aimer sans heurts... Ils souffrent de peines de coeur et tout cela va encore amoindrir leur organe sentimental et le fragiliser.
De la même façon que l'on fait des exercices de cardio, pour renforcer sa santé cardio-vasculaire, ma théorie expose que l'on doit faire des exercices de gentillesse pour avoir les mêmes effets bénéfiques sur sa santé et améliorer ses performances dans ce domaine...
Ce n'est pas facile. Surtout quand on est dans un environnement de petits coeurs fragiles. En effet, un sujet qui vit avec un petit coeur, mais entouré de "grand coeur" va pouvoir bénéficier des effets positifs de leurs actions et rentrer dans la danse plus facilement en adoptant leur style de vie. Il se renforcera quasi naturellement, sans s'en rendre compte. A contrario, une personne avec un grand coeur peut vite, très vite, se retrouver en difficulté si elle n'est entouréd que de petits coeurs qui ne fonctionnent pas comme elle. Car chaque taille de coeur a son fonctionnement et supporte difficilement le fonctionnement de l'autre clan qui est radicalement différent.
Ainsi, chez les grands coeurs, la générosité, le partage, la beauté, l'amitié, l'amour, le rire, sont des actes encouragés et plébiscités.
Alors que chez les petits coeurs, l'endurance dans la douleur, la loi du plus vicieux, le cynisme et le mensonge sont les qualités les plus utiles.
Qui sont les plus heureux ?
A ceux et celles qui voudraient donc augmenter leurs capacités cardiaques, je leur propose de travailler sur leur gentillesse. Et c'est très loin d'être difficile. C'est très facile. Ce sont des petits actes secrets, que l'on fait en cachette, sans les dire à personne d'autre qu'à notre coeur. C'est une blague interne entre nous et notre "moi bénéfique" qui nous fait cacher partout autour de nous, comme des oeufs en chocolat dans un jardin printanier, des petits bouts de ce que l'on a de meilleur en nous, en attendant de ces pratiques que ça ne nous rapporte rien d'autre que la fierté d'avoir réussi à les faire sans les dire...
C'est ça la gentillesse... C'est un don de soi silencieux, qui peut mettre toute une vie à être visible, ressenti et reconnu, ou ne jamais l'être, mais qui existe, dans notre coeur et nous rend la vie si belle.
A vous de jouer !