J’adore pleurer. Pas être triste, mais j’aime pleurer. Faire sortir de moi tous les sentiments négatifs qui s’accumulent. Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, mais j’ai vraiment des difficultés à exprimer mes émotions sur le coups quand elles sont trop fortes.
Je me fige et j’encaisse en souriant. Voir impassible… Ou en riant parfois, mais toujours est-il que mes réactions ne sont en réalité pas appropriées à mes émotions, même si j’ai très bien appris à ce qu’elles soient socialement acceptables. Je passe souvent pour une connasse prétentieuse, mais c'est socialement acceptable que je le sois... Alors qu’en réalité j’ai envie de fracasser des crânes contre des murs et de me mettre en position fœtale dans un coin de la pièce en me griffant le visage. Ce qui, socialement est moins acceptable...
Généralement, j’accumule mes larmes et je les charge comme une cartouche dans le barillet. Je sais que j’ai à ma disposition à tout moment une balle disponible si je veux tirer. Parce que me voir pleurer est une déchirure... Parce que ma souffrance est réelle et profonde et sincère. Je ne triche pas. Ce sont des vraies larmes de souffrance. Et il n'y a rien de plus déchirant que des vraies larmes de souffrances contenues.
J’ai en moi un père qui me fout à la porte avec ma mère et cette porte qui se ferme devant mes yeux d'enfant, j’ai en moi un homme qui viole mon corps d'enfant, j'ai une vie en foyer maternel, des crétins de frères pas forcément corporate, un internement psychiatrique injustifié alors que je ne suis pas pubère, des tas et des tas de raisons qui font que ma souffrance est justifiée, réelle et légitime et que ma simple adaptation à cette société -dite moderne et progressiste- de débiles mentaux arriérés est un signe de profonde gentillesse et de résilience qui ne tient que par une force d’amour et une force mentale hors norme. Merci mon Dieu.
Je ne vais pas jouer sur des faux semblants qui feraient croire que je ne me connais pas assez et minauder sur mes qualités ou mes défauts que j’ai aussi en grand nombre sans doute. Je suis raide comme la justice, je suis intransigeante, intolérante sur beaucoup de sujets et tyrannique...
Bref, j’ai été gentille de parler de mes défauts pour répondre à cette obligation de s’en attribuer, mais en réalité je ne m’en trouve pas puisque je ne me dérange pas beaucoup dans mon comportement et que je m’aime beaucoup, mais parfois il faut aussi se mettre au même niveau que la plèbe. Dit la nana au RSA dans son HLM ^^ Comme dit la méluche "La plèbe, c'est moi !!!"....
Toujours est-il que j’ai ce truc de conserver mes larmes comme des cartouches dans mon barillet et de tirer à vue quand le moment est propice et va me faire du bien à l'âme. Rars sont les moments où je peux me dire, là, je vais me faire plaisir, comme une gourmandise, je vais tout lâcher et toi mon con, tu vas vivre et supporter mes pleurs et bon chonce msiou !!! ^^
C’est ainsi que j’ai pu me faire un plaisir orgasmique à chialer ma vie lors du procès de marlène schiappa contre moi, devant des juges et des avocats médusés qui me connaissaient bonne déconneuse et prête à en découdre face à cette truie… Pardon, je m’égare…
Quand je décide que c’est le moment, que je vais te pleurer dessus et que tu vas prendre pour tout le mal que toi ou ceux que tu représentes m’ont fait, tout s’arrête, tout se fige, je pleure. Mais je pleure ma vie, je pleure le monde, je pleure pire que la mère d’Ismaël qui supplie Dieu de lui donner de l’eau dans le désert pour son enfant ! Je pleure toute les injustices du monde et j’ai le droit de le faire parce que je pleure toujours quand il le faut, à bon escient et sans déborder sur des causes que je ne maîtrise pas et que je n'ai pas suffisamment explorer pour me donner le droit de pleurer pour elles, pour me laver d'elles. Ces causes dans lesquelles je m'investie : les femmes, les mères, les enfants, la violence...
Ainsi hier, quand ma fille de 7 ans, la pourrie gâtée de la Maison, mais qui malheureusement n’a jamais connu l’aisance matérielle, ni son père, ni le respect de son rythme physiologique comme sa sœur puisqu’elle a été scolarisé à 3 ans et non à 5 comme je l’aurais voulu… Quand donc mon enfant adoré qui abuse de ses privilèges sans en connaître la valeur, ni le prix, celle pour qui je me bouge le cul chaque heure pour lui offrir cette vie qui est hors de nos moyens et que la France nous donne contre notre précarisation, me lance à travers un filtre Snapchat à chier, sur le ton de la bonne blague franchouillarde « elle est méchante Maman »…
Je fais ce que je ne fais jamais, ce qu’une mère ne doit jamais faire : je pleure contre mon enfant. Je pleure toute la peine du monde que j’ai à lui offrir la chose la plus basique pour un enfant, la plus importante et la plus essentielle à son bon développement : sa mère à ses côtés à sa disposition… Je pleure pour lui expliquer que nous sommes seules, que nous ne pouvons compter sur absolument personne, ni mon père, ni ma mère, aucune famille, pas d’amis, personne, que la seule famille que j’ai c’est elles, que tout ce qui compte au monde pour moi et ce qui me rend fière c’est elles et que si, malgré le fait que je ne les ai absolument jamais frappé, malgré le fait que je fais de mon mieux pour qu’elles vivent de leur mieux, si malgré le fait que je ne distribue ma gentillesse, ma confiance et mon amour pur à personne d’autres qu’elles d’une façon aussi désintéressée parce que j’estime que c’est mon devoir et le but de ma vie jusqu’à ce qu’elles soient autonomes, que si malgré tout ça, ça ne suffis pas à m’éviter d’être traité de "méchante", alors je ne peux rien de plus parce que je suis au maximum de ce que je peux donner.
Et je pleure et je pleure...
Je pleure parce que d’une je vais avoir mes règles et que j’ai la gâchette facile, mais surtout, je pleure parce que j’en profite pour recadrer ma petite Insolente !!! Les larmes sont l’arme ultime de l’éducation sans violence parce qu’elles sont le dernier rempart de l’enfant avant le trou noir où on ne sait pas ce qui se passe, comme quand une maman fini de compter à 3 avec des yeux de menaces. Les larmes sont le chiffre 4.
Il ne faut les utiliser qu’en cas d’extrême nécessité parce que l’enfant doit toujours sentir que son cadre d’autorité est fort et qu’il est bien en sécurité, mais il doit aussi savoir que son référent est un être humain doué de sentiments et que dans ces sentiments là se trouve la tristesse extrême que l’on peut déclencher par des phrases extrêmes.
Mes filles adorent me faire rire et je ne manque ni d’amour, ni de tendresse ou d’affection avec elles. Je suis très respectée dans la Maison et à l'extérieur. Toujours. Ce sont deux petites filles adorables qui ont à cœur que je sois bien avec elles tout comme il est important pour moi qu’elles soient bien avec moi. Seulement voilà, l’éducation nationale et son travail de merde sont passés par là et l’éducation de ma petite a besoin de recadrage plus fort parce qu’elle a été scolarisé trop tôt alors que ses défenses étaient immatures. Elle a donc appris la loi de la jungle scolaire et elle a parfois des automatismes d’enfant d’école que je ne veux absolument pas chez moi. C'est très compliqué pour elle, parce qu'à l'école c'est très compliqué pour elle... Comment vivre la non-violence de la Maison dans la violence au quotidien de l'école. Comment vivre le respect de la Maison dans le mépris de l'école ? Je la plains, sincèrement et je vais travailler plus fort à renforcer sa confiance en elle et en moi et à vivre l'école, de loin, sans la rejeter, ni l'accepter. C'est très compliqué.
Je suis assez radicale pour foutre tous ses automatismes scolaires dehors d’habitude et je les dénonce et les lui expliquant, mais là, elle est allé trop loin et mon intégrité psychique a été visé donc la réponse a été ajusté à son attaque et à mon avis, c’est la première et la dernière fois qu’elle porte un jugement aussi dur sur moi sans ménagement. Je n’interdis pas à mes enfants de me juger, au contraire, je les invite à le faire et je le fais même parfois avec elles pour pouvoir m’ajuster à ce qu’elles sont capable de supporter de moi, mais je demande que ça soit fait en me ménageant parce que mes attitudes découlent aussi des journées que je passe et de mon histoire et cela doit être entendu et compris. Tout comme je dois les comprendre et les entendre dans leurs attitudes.
Ce matin, j’ai eu une lettre d’amour filiale dans ma boîte au lettre et alors que j’expliquais très posément que je ferais des efforts pour être plus gentille parce que c’est mon but dans la vie d’être gentille avec mes enfants, mon petit bouchon de 7 ans m’a répondu, comme après avoir mûrement réfléchi que : « moi aussi Maman, je ferais des efforts. »
Je l’aime. Inimaginable comme je l’aime…