En 2011, en tant que directrice pédagogique de l’ESJ Paris, j’ai porté plainte contre Guillaume Jobin, Président de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris pour harcèlement sexuel, menace et insulte. En mai 2012, la France a abrogé la loi sur le harcèlement sexuel.
Cette abrogation est une ignominie qui a des répercussions néfastes sur la vie des victimes jusqu’à aujourd’hui dans le silence le plus complet.
L’abrogation pure et simple de la loi sur le harcèlement a provoqué l’annulation de toutes les affaires en cours et l’impossibilité pour toutes les victimes de pouvoir reporter plainte contre les tarés qui s’acharnaient sur elles au quotidien et qui continuent peut être aujourd'hui encore pour certaines victimes... Par sa décision, l’état français a fait une démonstration de force envers les salariés, les femmes et les plus faibles en renforçant l’image d’un état dans lequel les hommes sont pervers, puissant et sans moral.
Ce qui est faux. Ils sont une minorité de fous qui font juste beaucoup de bruit. Je crois sincèrement en cela.
Quand j’ai porté plainte contre Guillaume Jobin, j’avais été totalement vidé de ma vie entière ! Comme il me l’avait demandé avec insistance, je lui avais donné toute la liste de mon réseau (des journalistes, des décideurs et des artistes) en l’introduisant parmi les personnalités les plus actives du Maroc. Avant moi, il n’existait pas au Maroc, il était inaudible et n’arrivait pas à percer. Faites des recherches, vous verrez si je mens… Une fois qu’il a eu cette liste et ce réseau il l’a entièrement retourné contre moi qui me refusais à lui, pour faire passer l’idée que j’étais psychologiquement instable. J’ai les mails.
Mon couple, poussé à bout par la présence constante de mon employeur jusqu’au sein même de mon foyer venait de voler en éclat face à l’infidélité de mon compagnon voulant se « venger » d’une amourette présumée avec le quinquagénaire qui décorait dorénavant notre salon en buvant sa propre vodka... Ma meilleure amie de l’époque, marraine de ma fille, décidait alors par solidarité féminine sans doute de se marier par amour du CAC40 avec l’homme qu’elle avait vu de ses yeux se déchainer sur moi. Magnifique. Depuis sa fille a eu ses diplômes dans les écoles de son mari et elle même a agrandi sa maison en poussant les murs de son salon with view et a ouvert sa propre école...
Au top. Ma vie était vraiment une œuvre d’art tragico-comique.
Pour conclure le tableau, j’étais enceinte, poursuivie par la maîtresse du père de mes filles, qui avait décidé de me prouver son féminisme (très) personnel et je devais me ré-adapter à la France après des années au Maroc.
Top, top, top !
Quand j’ai porté plainte pour harcèlement sexuel, je pense que je voulais surtout sortir du cauchemar, rétablir la vérité et retrouver ma vie et ma grandeur passée ! Rétablir mon image professionnelle qui était massacrée auprès de mon réseau et démontrer avec toute la force des preuves que j’avais que je n’étais pas du tout celle pour qui on me faisait passer !!! Que l’on était en train de me spolier et de me malmener sévèrement et que je méritais plus de considération car je n’avais strictement rien fait de mal que de refuser de coucher avec un homme !
Pour faire avancer la situation, j’ai fait appel à l’Inspection du travail parce que je n’ai jamais été payé un centime pour 3 mois de travail, elles m’ont répondu qu’elles avaient « un dossier long comme le bras contre ce monsieur ». Il ne s’est rien passé.
J’ai contacté le SNJ, Syndicat National des Journaliste, pour me plaindre et essayé d’être épaulé. Ils m’ont demandé si j’avais ma carte de presse alors que je travaillais comme journaliste française au Maroc. Il ne s’est rien passé.
Je suis allé à Paris rencontrer l’AVFT, l’Association contre les Violences faites aux Femmes au Travail qui m’a dit « connaître très bien ce monsieur qui a souvent des agissements qui remontent à nos oreilles ». Il ne s’est rien passé.
Je suis allé voir un avocat réputé d'un gros cabinet parisien, il m'a conseillé de porter plainte pour viol et m'a assuré qu'il serait à mes côtés.* Mais bien sûr...
Je voulais aussi d’un point de vue purement logistique, que l’on me protège par décision de justice contre celui qui m’écrivait qu’il allait me « mettre sur la gueule » et qu’on lui dise que ça ne se fait pas d’écrire ça aux gens, surtout quand ils sont plus faibles… Il ne s’est rien passé !
Cela fait maintenant 5 ans que la loi a été abrogée. Je ne peux plus porter plainte contre Guillaume Jobin pour harcèlement sexuel parce qu’il paraît qu’en France on ne peut pas porter deux fois la même plainte contre la même personne pour le même motif… Que l’affaire n’ai même pas été jugé ne rentre pas en compte.
Pourtant, j’ai pu porter deux fois plainte contre celui qui m’a violé, pour le même motif… Et il ne s’est rien passé.
Ma plainte pour injure et menace n’a jamais été instruite malgré mes preuves, alors que la loi contre les menaces et les injures n’a pas été abrogée...
Du côté des Prud’hommes qui apparemment ont été abrogé en même temps que la loi sur le harcèlement sexuel pour mon cas, je n’ai jamais reçu aucune sorte de rétribution pour mon travail de directrice pédagogique et j’ai pu voir que la force de mon travail de seulement trois mois avait permis à l’école de vivre toute une année. Mais logiquement, sans moi dedans, le projet était vide et il n’a pas tenu au delà et n’a plus jamais connu le succès et la force que j’avais mis à l’intérieur. C’est ma plus belle victoire et la plus belle preuve de mes compétences professionnelles.
Ce que je regrette dans cette histoire, au delà de la violence, c’est l’affection et le respect que je portais pour une école qui m’a délivré mon diplôme de journaliste en me laissant la chance de bénéficier d’un contrat de qualification presse écrite, qui reste jusqu’à ce jour le seul diplôme reconnu par la profession, que cette école aura délivré en plus de 100 ans d’existence.
J’aurais aimé transmettre aux plus jeunes et aux plus défavorisés, la même chance que moi de pouvoir réaliser leur rêve et c’est pour cela que j’avais accepté la proposition de travail de Guillaume Jobin qui était venu me « débaucher » sur Facebook alors que je ne lui avais rien demandé.
Derrière l’abrogation de loi contre le harcèlement sexuel, il y a beaucoup de projets, comme le mien, de travail et d’espoir pour des lendemains positifs qui ont été massacré...
Depuis, je réinvente chaque jour, mon propre monde du travail, loin des fous.
*Édit : on me dit dans l'oreillette que "C'est bien de partager une information mais faudrait vérifier sa véracité elle avait été abrogée en mai 2012 par le Conseil constitutionnel car elle avait été jugée non précise qui est l'une des qualités obligatoires que la loi pénale doit avoir mais elle a été de nouveaux codifié par une loi du 6 août 2012 article 225 33 du code pénal."
Merci pour tant de douceur et d'empathie...
**Précision : C'est mon ancien ami philippe dana, que j'ai connu en 2004 lors de ma participation à Casting Live sur Fun Tv et avec qui j'ai eu une courte aventure d'un jour bien plus tard qui m'a permis d'être reçu par le trop cher pour moi christophe ayela que je n'ai plus jamais revu parce que j'ai refusé de porter plainte pour viol étant donné que comme je l'ai répété : jobin "ne m'a jamais touché". Même pas pour me faire la bise. Je voulais surtout (jusqu'à aujourd'hui) mes trois mois de salaires, mes indemnités et remboursements de frais engagés et mes feuilles de paie ainsi que la reconnaissance sociale des raisons réelles de mon éviction pour reprendre ma vie en main. Pas abattre un homme innocent et le faire plonger pour un viol qu'il n'a pas commis.