Être autonome signifie ne pas dépendre de quelqu'un. C'est déjà en soi un défi personnel pour le commun des mortels, alors pour une mère, être autonome se hisse au rang d'art majeur. Nous avons tous besoin des autres pour vivre. Les sociétés et les êtres eux même sont conçus avec le besoin de l'autre à la base. Un bébé que l'on ne touche jamais, même s'il est nourrit et changé est un bébé qui meurt par exemple... Pour autant l'autonomie reste un vecteur de développement personnel, de motivation et de satisfaction très important. Les personnes les plus autonomes sont souvent celles qui s'en sortent le mieux, se gèrent le mieux et accèdent plus facilement à un bon équilibre, mieux que les autres.
Il vaut mieux savoir se loger, se trouver à manger, s'habiller et se gérer tout seul pour débarasser tous ces actes des rapports toxiques qui pourront naître avec ceux et celles censés nous aider à les faire. Car être dépendant c'est aussi se mettre à la merci des autres et quelque part, c'est donc perdre sa liberté...
La première façon de rentrer dans son autonomie est de prendre ses responsabilités et de s'assumer. Assumer ce que l'on est vraiment, profondément, assumer ses aspirations profondes et ses rêves les plus fous, assumer ses croyances et ses intolérances pour pouvoir gérer au mieux son potentiel avec ce qu'il comporte d'atouts et de failles.
Sur un plan personnel, j'ai eu la chance dans mon malheur d'avoir pu passer un test de QI assez tôt et d'avoir eu encore jeune une connaissance de mon potentiel, de mes failles, de mes possibilités et de mes défauts. Le fait de connaître son fonctionnement neurologique va très grandement aider à se construire en affinant son autonomie sur mesure de ses capacités et de ses limites tout en les faisant accepter aux autres.
Le plus compliqué dans mes premières années a été de gérer mon autonomie affective. C'est très compliqué. Apprendre à contrôler ce qui naît hors de tout contrôle : le sentiment. Avec le temps et les désillusions et les succés aussi, je suis parvenue à ne plus avoir besoin des autres pour être équilibrée d'un point de vue affectif et émotionnel. Je tiens à signaler que c'est possible et que ça s'auto-apprend avec courage, acharnement et patience.
A terme, on aura toujours besoin des autres pour générer des sentiments d'affection et de reconnaissance à notre espèce humaine, mais on arrive à faire le plein autrement et la dépendance affective n'est plus une fatalité. En tout cas, cela ne doit jamais faire obstacle à l'autonomie. Parce que l'amour est liberté et qu'aujourd'hui en 2017, face à 7 milliards d'être humains, Internet, les sites de rencontre, les vols low cost, il y a tout de même de quoi s'amuser en évitant d'être dépendant, mais aussi en évitant d'être toute seule.
Une fois qu'on a réussi a gérer au mieux sa dépendance affective, la mise en place de routine de gestion logistique du quotidien pourra aider à se structurer et à s'organiser librement d'une manière plus fluide et intégrée. Il s'agira de développer des façons de faire qui permettent de "faire tourner" la maison : payer ses factures en mettant en place les modes de paiement adéquat, en temps voulu, au juste prix et sans excés de dépense.
Le nerf de la guerre, c'est l'argent. Il faudra gagner son argent tout seul, mais aussi le dépenser avec intelligence. Les premiers mois d'autonomie sont autant d'expériences d'apprentissage riches à intégrer pour éviter les catastrophes. Il faut garder en tête qu'un échec à le droit d'arriver. Une fois. Pas deux. Si un échec arrive deux fois c'est qu'il y a un problème dans l'énoncé et là alors, il ne faut pas hésiter à trouver le bon interlocuteur pour se faire aider et repartir plus sereinement vers son indépendance. Car se faire aider demande autant de qualité que de faire les choses seule. Il faudra donc trouver la bonne personne, la traiter soigneusement et conclure l'aide d'une façon positive pour que personne ne se sente lésé.
Le dernier point concerne la gestion du temps. Pour interragir avec les autres donc avec le monde, il faut respecter le temps qui est commun à tous. Se lever le matin, manger à midi et au dîner puis se coucher le soir pour avoir une bonne nuit de sommeil réparateur, ça parait niais et simplet, mais c'est très important. En respectant le temps, on apprend à respecter son rythme biologique, donc à respecter son corps et donc à se respecter. Honorer les rendez vous pour le travail, l'école ou chez le médecin, prouve aux yeux des autres que l'on est fiable et digne de confiance, alors on pourra s'impliquer dans la société au même rythme que les autres et on pourra y agir en toute autonomie parce qu'on partagera la même époque et le même temps que l'on pourra s'approprier comme les autres pour le modeler à notre image, aussi... Librement.