Après le premier trimestre qui est houleux, pour le moins, on découvre ce petit être qui vient partager toute notre vie…
Chez moi, la première grossesse, c’est l’enfer… Je vomis, je bave, je pleure, je crie, je ne mange pas, je casse des assiettes et des radios… (Une radio, une fois, ça va !)
Après un premier trimestre pendant lequel pour ma part, je n’ai pas ressenti dans mon corps que je portais la vie et ai été emporté par les nausées, les choses se sont apaisées pour mon corps... Dans ma tête, j’avais cette conscience que je portais un enfant, mais dans mon corps pas encore.
C’est au bout du 4ème mois (3ème mois et demie) qu’il y a eu comme des petites bulles… Et après ces petites bulles sont devenus comme des petits courts-jus, puis des petits mouvements dans le ventre, comme un petit poisson qui frétille, une anguille, quelque chose de très rapide et d’instantanée et là j’ai pris conscience que j’avais quelque chose dans moi, un corps étranger, quelqu’un qui n’est pas moi et qui est en moi.
Selon moi, c’est là que ça commence à devenir intéressant… Sentir quelque chose bouger en soi et se dire que ce n’est pas un intrus !
C’est la grande différence qu’à notre enfant avec le reste du monde… Il a le droit de rentrer en nous et de ne pas y être un intrus ! Il est accepté par notre corps qui va l’héberger et l’aider à se développer. C’est fascinant.
C’est à partir de là que l’on commence à faire connaissance, quand il y a ces premiers petits papillons dans le ventre, quand on commence à toucher à travers son ventre, cet enfant qui est enraciné en nous… Et selon moi, dans ma double expérience de grossesse, il y a un échange réel, comme une discussion, avec ou sans paroles, avec l’enfant qui est dans le ventre. Une vraie découverte. J’ai vécu de vrais apprentissages de ces autres qui étaient en moi… Une présentation comme un qui es-tu toi qui est en moi et qui suis-je moi qui te porte ?
Un échange et une découverte dans un mouvement d’échange qui fait que petit à petit on va l’un vers l’autre jusqu’au jour attendu de la rencontre finale.
Lors de ma première grossesse pour laquelle je ne connaissais rien, donc pour laquelle c’était une découverte totale pendant laquelle j’étais hyper flippée de perdre mon enfant, cela m’a rendu hyper focalisée sur le fait de ne pas bouger et que rien ne bouge !!
Il ne fallait pas que je bouge donc pendant des semaines et même des mois, j’étais dans cette obsession de ne pas bouger. Et ce n’était pas tant physiquement que mentalement…
Je ne voulais pas rentrer dans mon rythme habituel car je suis quelqu’un qui bouge tout le temps, qui suis très énergique, très rapide, avec un grand besoin de toujours faire des choses, alors je devais me forcer mentalement à tout freiner en me disant en permanence de ne rien faire, même si j’avais très envie de le faire. Aussi parce que si je tentais de bouger comme si mon bébé n’était pas là, je me prenais une crise de vomissements et de nausées qui me clouaient au lit plusieurs jours en revanche.
Du coup la grossesse a concentré toute mon énergie, je lui ai tout donné et me suis dédié à elle pour mon enfant et j’ai passé tellement de temps à me réfreiner, que j’ai moins écouté ce dialogue avec l’enfant. Ce dont je me suis rendu compte lors de la deuxième grossesse.
Notre partage entre mère et fille a commencé à 6 mois je pense… Et ça c’est fait avec la musique gnaoua. A Essaouira. Ma fille adorait la musique Gnaoua ! Dès qu’elle l’entendait, elle commençait à bouger dans tous les sens ! Je crois qu’elle rentrait en transe et ça me faisait très rire.
C’est parce que ses danses de Gnaouia m’ont faites rire que j’ai commencé à plus m’intéresser à ma fille. A elle en tant que personnalité et non à la grossesse qui la conduisait à moi et ma fonction de gestatrice… Je me suis intéressée à qui était dans mon ventre et non plus seulement au fait qu’il fallait absolument que je fasse vivre, voir survivre, celle qui était dans mon ventre. A partir de ce moment, j’ai voulu savoir qui était dans mon ventre. Alors à travers la musique et la nourriture on a commencé à se rencontrer…
Ma petite première était un fœtus qui me rendait très colérique. Quand mon corps me demandait quelque chose à manger, si je ne l’avais pas le plus rapidement possible, je rentrais dans de grandes colères. Je faisais des colères intérieures qui me faisaient pleurer, je me mettais dans des états incroyables et il fallait tout me donner tout de suite si je voulais éviter cela… J’étais très exigeante…
Et ce qui a été très drôle c’était de découvrir quand elle est sortie qu’elle ne fait jamais de colère. Au contraire, elle a une patience à toutes épreuves. Elle est d’une grande gentillesse. Elle n’est pas capricieuse et pas si exigeante. C’était dès le départ un bébé très calme.
Pour ma deuxième grossesse, c’est exactement la même personne qui est sorti. Comme quoi, chaque grossesse a son histoire.
Je pense que je peux dire que ma première fille m’a tout appris dés ma grossesse jusqu’à aujourd’hui. Elle m’a appris à vivre. Je ne savais pas bien le faire. Alors je tente de lui apprendre en retour.