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La mode des lolitas dénoncée par un rapport parlementaire
Remis lundi, il s'inquiète du phénomène d'hypersexualisation des petites filles.
Soutiens-gorge ampliformes dès 8 ans, chaussures à talon en taille 30, ministrings, trousses de maquillage dès 12 ans, poupées en jambières Véritable phénomène de société, l'hypersexualisation des jeunes filles provoque une telle inquiétude qu'elle fait aujourd'hui l'objet d'un rapport parlementaire pour tenter de mettre en place des garde-fous.
La sonnette d'alarme est tirée par la sénatrice UMP Chantal Jouanno, ex-ministre des Sports, auteur de ce rapport remis lundi à Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. Le phénomène, observé par les spécialistes sur les enfants prépubères de moins de 12 ans, se définit non seulement par la sexualisation de leurs codes vestimentaires mais aussi de leurs expressions, postures et intérêts, jugés trop précoces pour leur âge. Poussée par l'industrie de la mode et les médias, par le retour des stéréotypes dans les jouets et la souveraineté de l'apparence dans les programmes de téléréalité, l'hypersexualisation banalise la pornographie et la violence, constate le rapport parlementaire intitulé «Contre l'hypersexualisation, un nouveau combat pour l'égalité». Conséquence: elle fragilise les enfants dans leur équilibre psycho-affectif et leur construction identitaire. L'intrusion précoce de la sexualité entraîne des dégâts psychologiques irréversibles dans 80 % des cas», affirment les spécialistes du dossier. Mais elle favorise aussi les conduites à risque comme l'anorexie et met en danger, à terme, l'égalité entre les femmes et les hommes qu'ils deviendront, s'alarme le rapport.
Québec avant-gardiste
Si les parents se disent inquiets, d'après un sondage récent où 84 % des mères jugeaient que l'image des filles allait en se dégradant, la prise de conscience semble difficile. Elle a pourtant connu un sursaut avec le scandale du magazine Vogue qui, l'an dernier, avait mis en scène une fillette de 10 ans dans des tenues et postures suggestives, outrageusement maquillée. C'est cet événement qui a précisément conduit Roselyne Bachelot à commander cette mission parlementaire à Chantal Jouanno, connue pour son «caractère féministe», convient la sénatrice. Sans concession, son rapport s'étrangle à toutes les pages et se donne les moyens de son indignation en faisant des propositions radicales: interdire les concours de mini-miss et des enfants de moins de 16 ou 18 ans, irrespectueux de «l 'intérêt supérieur de l'enfant et de la dignité de la personne humaine», et rétablir l'uniforme en primaire. Si ce dernier n'est pas «une réponse pertinente à l'hypersexualisation» dans sa problématique globale, dit le rapport, il permettrait au moins de la pousser hors les murs de l'école élémentaire et, dans tous les cas, «demeure pertinent face à la concurrence des marques, facteur de clivages sociaux». Côté juridique, Chantal Jouanno propose également d'interdire que les enfants de moins de 16 ans puissent être l'égérie des marques, «afin de ne pas favoriser l'image d'enfants transformés en adultes». Enfin, elle propose la rédaction d'une «charte de l'enfant», pour «éclairer les pouvoirs publics et le juge dans la mise en œuvre de ces principes».
L'observation du phénomène, avec des études du CNRS et la création d'une mission quinquennale pilotée par l'Observatoire national de l'enfance en danger (Oned), est aussi au menu des propositions parlementaires. Tout comme la sensibilisation des professionnels de l'enfance et de l'Ãducation nationale.
Référence en la matière, le Québec est avant-gardiste sur l'étude du phénomène, aux côtés de la Belgique et du Royaume-Uni. Le premier ministre anglais, David Cameron, a demandé l'an dernier un rapport sur
le sujet, «Let children be children». La France devait donc se saisir du problème, au moins à titre préventif. Car, pour l'heure, «nos enfants résistent globalement à la vague», rassure le rapport qui en attribue la raison «au contrôle parental de l'apparence qui demeure fort en France».