Depuis que j’ai quitté le père de mes enfants il y a 4 ans ou 5 ans (quand on aime on ne compte pas ^^) je me vois souvent proposer des anxiolytiques ou des antidépresseurs au premier coup de fatigue... La France était réputée pour être championne de la consommation d’antidépresseurs et même si les chiffres ont changé, dans la pratique, je me demande si la réalité a bien évolué…
En étant hyperactive (au sens clinique du terme) j’ai une énergie hors norme. J’ai donc des habitudes de gestion d’énergie différentes de celles qui ne sont pas hyperactive. Quand j’évolue en communauté par exemple, je dois canaliser mon énergie pour ne pas déranger les autres. M’asseoir en publique est souvent une petite épreuve. Je ne tiens pas beaucoup en place. Mais je me soigne ! Depuis toute petite, je suis très attentive à ma gestion d'énergie.
La première fois que j’ai eu une baisse violente de mon énergie, j’ai été réellement choqué par le processus physique de décélération de mon corps. D’un coup, je n’avais plus aucune énergie et je devais me faire violence pour des choses aussi simple que marcher ou parler…
Je suis donc allé illico presto chez le médecin, accompagné par un ami pour ne pas que je m’écroule dans la rue.
Diagnostique : dépression réactionnelle.
Je venais de sortir d’un rendez-vous avec mon avocate à qui j’avais remis les papiers officialisant la demande de la garde exclusive de mes filles.
Le choc psychologique avait été tel que mon corps avait lâché, là où mon esprit semblait ne pas bien comprendre tout ce qui était en train de se passer et la direction à prendre...
Chez le médecin j’ai eu le choix face à ma dépression de me voir prescrire des antidépresseurs, mais pour avoir déjà observé l’état catastrophique de mes amies sous antidépresseur et pour avoir déjà goûté de l’antidépresseur dans mon adolescence, il était hors de question que je touche à ça. J’ai donc demandé à mon médecin de me prescrire du magnésium. Ce qu’il a fait.
Pour sortir de ma dépression et retrouver mon énergie, j'ai dû faire le travail inverse de celui que je fais toujours. Je ne devais plus calmer mon énergie, mais la relancer ! J’ai commencé par écouter mon corps qui me demandait de m’arrêter. J’ai écouté mes enfants qui me demandaient de l’amour et j’ai écouté mes stagiaires qui me demandaient de l’espoir en l’avenir. Mais surtout, j’ai parlé. A cœur ouvert, publiquement, j’ai parlé chaque jour. Puis j’ai ri, d'une façon cynique. J'ai ri de moi, de ma situation merdique, de mon abruti de mec qui bousillait notre famille avec une pute moche (en plus) j'ai ri de mes projets, des gens, j’ai pleuré, en publique et j’ai été consolé pour ça… Petit à petit, je me suis remise debout et de ce grand sentiment d’envie de rien, je suis passé à en vie pour tout. C’est avec cette combinaison et une bonne cure de magnésium que j’ai pu me dépasser et sortir de la dépression, regagner chaque jour mon énergie...
Le travail mental que j’ai dû faire dans cette période très importante de ma vie -où toutes mes données venaient de changer pour me proposer une configuration nouvelle de tout ce que j’aurais jamais pu imaginer- est aujourd’hui encore un outil extraordinaire pour avancer. Un trésor de dépassement enfoui en moi.
Si l’on m’avait privé de ce travail, c’eut été criminel. Il était la condition nécessaire à ma réadaptation à la vie ! A la prise en compte du mouvement inhérent à la vie qui peut décider quand bon lui semble de changer complètement de sens et de mériter toujours d’être vécue quand même ! Plus fort même !
Cela a été la première fois où j’ai refusé des antidépresseurs. La première fois d’une longue série ! J'ai appris à gérer mes coups de mou en apprenant à les repérer ! Par exemple je ne savais pas que j'étais très sensible au changement de saison et à la dépression hivernale ! Je pensais juste que j'étais chiante. Et bien non ! Pas seulement !
En tant que mère célibataire, je pense sincèrement que je suis une cible de choix pour la narco pharmacologie. La force mentale que nécessite mon métier de mère est telle que si je ne gère pas bien mon énergie, je peux vite me retrouver en plein burn-out ! Et pour peu que je fasse appel à un médecin, j'ai droit à ma petite prescription d'anxiolytique. Dernière innovation en date que l'on m'a prescrit hier pour un malaise vagal : le Stresam. J'ai eu un rendez-vous avec mon assistante sociale qui a su intelligemment m'expliquer que je devais alléger ma charge de travail trop intense et j'ai fait une grosse sieste après avoir commencé ma cure de magnésium. Je vais bien.
Au cours de ma carrière de mère au foyer qui ne délègue pas l’éducation de ses enfants et qui gère sa propre entreprise j'ai bien entendu été sujette à la fatigue, le cumul des mandats est un art... Même pour une mère hyperactive. Et je regrette que face à cette fatigue rien ne soit mis en place pour me faciliter la vie et qu'au contraire on me vende de la drogue qui va mettre fin à tous mes projets en me masquant mes problèmes et en faisant taire mon corps.
Car mon corps est mon meilleur allié ! Lui seul sait me dire de me taire !!! Personne d’autre que lui n’a jamais réussi à me poser plus d'une journée et à me forcer à observer le silence et l’introspection ! Quand mon corps s’arrête, je m’arrête et je m’écoute et bien souvent ce que j’entends de moi est précieux et devient savoureux quand j’en parle en plus avec les autres !
Je crois que la meilleure thérapie pour échapper aux antidépresseurs et autres anxiolytiques c’est de prendre un temps d’analyse interne et externe, un temps d’auto câlinage intensif, pour s’aimer très fort en respectant ce corps qui nous parle de nous et un temps pour se permettre toutes affaires cessantes, une période d’enrichissement face à la situation. Car même si le travail est douloureux, dépasser le problème est toujours un enrichissement. Une fois tout ce travail effectué, je pense sincèrement qu’il faut en parler, honnêtement, admettre ses limites, ses craintes, ses obstacles et chercher avec une personne bienveillante et neutre une façon de se remettre sur pied.
Sans la santé, nous ne pouvons rien et les antidépresseurs ne sont pas à mon sens des facilitateurs de bonne santé, ni mentale, ni physique.
De ma petite expérience personnelle dans le domaine, quand le corps signale un problème et qu’on lui injecte de quoi ne plus prendre en compte ce même problème, à mon sens, on vit dans un monde rempli de problèmes dans lequel nous colmatons notre mal être par des solutions qui nous permettent à peine de supporter ce qui ne devrait jamais l’être.
Nous n’avons pas à supporter les problèmes. Nous avons à arrêter de les faire.
Comment arrêter ce que l’on ne veut plus voir et dont en conséquence on ne peut plus parler ?