La date prévue de ton arrivée approche a grand pas, a la maison tout est prêt, ou presque, ta grande sœur et nous sommes de plus en plus impatientLes jours passent et tu te fais attendre, nous sommes pressé de savoir si tu es une petite fille, ou un petit garçon, pressé de découvrir les traits de ton visage, la couleur de tes yeux, le son de ta voix
Le mois de janvier sâen va, et tu nâes toujours pas là , je reste active et jây crois, bientôt tu seras là Mais tu nous enseigne la patience et la retenueLa famille commence à se faire présente, et moi, et bien je suis moi, partagée entre sagesse (câest que tu as encore besoin de temps) et impatience (et si je me lançais dans le trampoline), heureusement pour nous je choisi pour une fois la voie de la sagesse
Les monitorings commencent, une sorte de pré-rencontre, qui nous rassure, nous confirme ce que je sentais en moi, tu vas bien, tu profites de la chaleur intérieure
Le temps continue de passé, il y a plus de dix jours que tu aurais du venir (si tu avais respecter les manuels, mais les chiens ne font pas des chats, tu nâen fais quâa ta tête)
La date de ton arrivée est fixée, tu seras là le lundi 14 février au plus tardS
Soulagement de savoir que la grossesse va laisser place à la maternité, mais angoisse de devoir recourir à cette technique tant redoutéeMais il te reste encore 5 jours, soyons confiant
Vendredi 11, monito, suivi dâun petit tour à la mater, sur les conseils de ma sage-femme je demande un touché pour voir ou nous en sommes et activer un peu le colLe passage sâouvre doucement puisque 4cm sont déjà acquis, mais malheureusement ce « magic touch » ne sera pas celui qui sera lâétincelle mettant en route ta naissance. Nous passons la journée avec ton papa, puis quand ta sœur revient de lâécole, nous profitons de ces derniers moments à trois, calmement
Samedi, A (ma grande fille) sâen va avec mamy et papy, profiter de la journée de fête chez son parrain, moi je nâai pas le courage de faire 4 h de voiture sur la journée.
Pour nous direction la maternité, ou jâai droit à un second décollement, je suis toujours à 4, la poche est bombée, le col est mou (comme depuis plus dâun mois), bref tout se met en place mais nous de lâextérieur, on ne peut plus rien faire, câest à toi de jouer
Nous quittons lâhôpital espérant trouver un petit resto, les contractions commencent, mais marcher et manger me fera du bien, malheureusement tous les restos alentour sont fermés, mais les contractions elles sont toujours là , la majorité sont gérables, voir pourraient passer inaperçue, je sais que ce ne sont pas encore celles qui me conduisent à toi, même si elle prépare notre cheminNous rentrons donc à la maison, on y mange, on sây repose, puis on commence à compter (enfin câest lui qui sâen charge), 5 minutes dâespacement en moyenne, mais il nây a rien à faire, je sens au fond de moi que ce nâest pas le momentOn attend, ta sœur rentre, mange un peu, papa va la mettre au lit, et moi je me rends compte que durant le temps ou elle a été à côté de moi les vagues sourdes de mon ventre se sont estompées
Papa revient, on mange, et on regarde la télé, on parle et on recompte, de nouveau toute les 5 minutes, mais je nây crois toujours pas, câest un échauffement
00h30 nous montons, fatigués après plusieurs heures (il me dit 8, moi ça me semble énorme) de va et vient réguliers nous décidons de monter, et moi de prendre un bain, eau chaude, bougies, Mon ventre continue de se serrer malgré la chaleur de lâeau, et je fini par sortir après mây être endormie
Nous allons nous coucher, je nây crois plus, jâai bien compris que tout ceci nâest quâun pré-travail, je mâendors donc un peu déçue, mais sereine, car je sais que ce nâest plus quâune question dâheures
Dimanche 13, je me souviens mâêtre réveillé en me disant « et
mjâavais raison, il est 7h30, et plus rien » Jâai passé en revue toutes les activités que nous pourrions faire en famille pour réactiver le travail, maisJe nâai envie de rien, la seule pensée qui me préoccupe câest le déclanchement de demain, je nâen veux pas, jâen pleurerais, jâavais pourtant tout mis en place, tout fait pour lâéviter, lâhoméopathie, la marche, les tisanes Quâelle déception.
Mais plus le temps de penser, 8h la grande appelle, elle veut se lever
Je me lève, mais à peine le pied posé à terreoufUne contraction me cloue sur place, celle-ci est différente de toute les autres, ma foi elle reste gérable je me dirige donc vers la chambre dâA, arrivée à la porte, oufune nouvelle contractionJe mâarrête pour souffler, et continue à me diriger vers le lit de ma grande, mais les contractions se succèdent à un rythme soutenu, je gère, lève A, et lui explique que jâai mal au ventre, quâa mon avis bébé va bientôt arriver. 8h30 je propose dâaller réveiller papa, 8h45 jâarrive dans la chambre (distance parcourue : 5 mètres), toujours ces contractions qui me clouent sur place, mais je nâai pas lâimpression dâavoir mal, elle mâempêche de marcher, demande ma concentration, mais je nâai pas « mal » à proprement parler
«Hé réveille toiJâai des contractionsfortes, je dirais toute les trois minutes »
Lever direct, je lui dis que ça va, mais que câest pour aujourdâhui, il change de tête quand il voit lâintensité des contractionsJe ne sais plus comment, pourquoi, mais nous nous retrouvons dans la chambre dâAbigaël, tournant un peu en rond, hésitant, y aller ou pas, je nâai pas envie dâaller à lâhôpital pour y rester pendant des heures avant de te voir, je préfère attendre et « travailler » à la maisonIl me propose dâappeler sa maman pour quâelle vienne chercher A, je lui réponds que non pas tout de suite, mais deux contractions plus tard (il est +-9h) je change dâavis, oui appel, on part
Vers 9h15, mamy arrive et prend ma grande fille en charge pendant que papa mâaide à mâhabiller, et prendre les dernières affaires éparpillées dans la maison
9h30, on sort de la maison, je quitte ma fille unique, ma grande ma belle ma douce, je sais que la prochaine fois que je la verrais, elle sera grande sœur
Nous arrivons enfin à l'hopital, je descends devant lâentrée, et me retrouve seule dans le hall en attendant que la voiture soit garéeJe ris en voyant le regard apeuré dâun homme dans le hall, il me demande timidement si ça vaJe souris
Jâentends lâascenseur, ton père arrive et ho miracle il est accompagné de la sage-femme qui nous a reçu hier, tout de suite je me sens en confiance avec elle, on monte au troisième ensemble. Arriver à lâétage on me demande pourquoi je viensheuuuu, ben pour un accouchement, enfin jâespèreDe toute façon je ne repartirais pas dâici sans mon bébé, câest décidé !
La s-f (pas la même) me dit que je peux mâinstaller dans le salon, il nây a pas de salle de libre et une femme avant moi. Ben non moi, je vais pas aller dans ce salon, je me plante au milieu du couloir, pour accueillir la contraction suivante et les autres, je crois quâelle comprend J
Elle me demande si ça pousse, et me dit que la salle est presque prête
Il est approximativement 10hOn arrive en salle de naissance, il nây a pas ces beaux draps rouges et oranges, pas eu le temps de les remettre, franchement à ce moment là , je mâen fou un peu, même si ça casse un peu le charmeLaurine (câest comme ça que sâappelle cette exceptionnelle sage-femme qui mâaccompagnera jusqu'à ta naissance) me demande de mâallonger pour mâexaminer, je suis à 7 cmwaouh, je suis heureuse, elle me dit que je gère très bienJe me relève, me met à lâaise et enfourche le ballon, et fait avec le monito pour vérifier que toi aussi tu vas bien, tout va bien10h30
Je gère bien, Laurine confirme Elle me propose le bain mais non pas maintenant je suis bienMais voila quâelle envoie mari-chéri faire les papiers dâadmission, jâai pas envie dâêtre seule, mais bon Je nâarrive pas a me souvenir si jâai mal, je sais que lorsque la contraction arrive, je ne pense quâa toi, qui fait ton chemin, nous cheminons ensemble pour nous retrouver, quand cette vague arrive je souffle ââJe souffle dans les voiles du bateau qui me conduit jusqu'Ã toi ââ. On appel le docteur, tu seras bientôt lÃ
Papa revient, et je me dis que jâessaierais bien le bain, vers 11h câest chose faite, je suis dans le bain, câest vraiment très agréable, Josiane (ma gynéco,) arrive, il émane dâelle un tel calme, que je ne peux faire autrement, on mâexamine, je suis à 9Tout est bien, sans grande douleur, tout en douceur, Josiane me guide dans mes respirations mâaide à me détendreMari-chéri est à coté, je vois lâamour dans ses yeux, jâentends la confiance dans sa voix, il est par sa présence un réconfortMême si je suis un peu sèche avec lui, ses mots sont les seuls a se graver en moi, il résonne
Tout doucement je sens que les contractions changent, tu pousses, doucement, tu te fraies ton chemin vers nousJe suis effrayée, je sens que tout va changer, que câest maintenant que tout va changer, Josiane et Laurine changent un peu ma position pour tâaider à trouver le chemin, mais dâun coup ça ne va plus jâai mal, jâen pleure, je suis dépassée, la tête à moitié dans lâeau je suis perdue, et toi tu pousses plus rien ne peux tâarrêter, je panique.ton papa est là a côté je sens sa main sur mon épaule et je lâentends me dire que tout va bien, quâil a confiance, mais je perds piedJe demande à sortir, a changer de position, je ne veux, ne peux pas rester comme çaJe dois faire vite il doit être 12hMais les contractions sâenchaînent et mâempêchent de bouger à moins que ce ne soit la peurtout va si vite
Je sors du bain, mais à peine le pied posé à terre une nouvelle poussée commence, je mâaccroche au cou de la pauvre Laurine qui ne devait pas sây attendre, et me voila entrain de poussé, accroché a son cou, en soit je suis bien, mais je crois que pour elle ce nâest pas la position idéale, jâaimerais que ton papa soit à sa place, mais voilà , câest comme çaLui est à coté, je le sens un peu ââperduââ, mais âsa force est avec moiâ.
12h15 On me propose/demande de passer sur la table, je me retrouve à quatre pattes sur cette table, C. à coté de moi sur ma gauche, qui me parle, mâencourage, et moi qui lâenvois boulé, jâai mal, jâai chaud, je perds pied, mais pourquoi ai-je décider de faire sans périDâun coup un cri sort de moi, câest rauque, câestindescriptibleça pousse, tu arrives, jâai peur, jâai mal, je veux que ça sâarrête, je supplie pour quâon mâaide, mais rien ne peut être fait, câest une affaire entre toi et moi, alors je pousse, je crie, je pousse encore, et je te sens arriver, tu est proche de moi, si proche, tout mon corps sâouvre pour te laisser passer, une sensation indescriptible Je sens quelque chose qui passe, mais dâun coup un ââCLAC ââ, la poche des eaux se rompt ça éclabousse partout, drôle de sensation, elle amortissait la douleur, et ta venue, la douleur, les sensations sont à présent bien plus intenses, jâai presque lâimpression de recommencer au débutJe sais quâil faut que je lâche prise pour te laisser venir, mais jâai lâimpression de mourir, que je nây arriverais jamais, je le dis, je le criePuis, je me rends compte que je nâai pas le choix, je me laisse aller à cette douleurJe sens ta tête passer, ça brûle, tu es si proche, mais chaque fois que la contraction passe tu remontes, je sens ta tête revenir en arrière On mâencourage, mais je désespère, de rage, je crie je pousse, et là je sens ta tête passer au complet, un dernier
effort âdoucementâ me dit-on, je pousse et tu es là , tu es en dessous de moi, le temps sâarrête, il est 12h30 et tu pousses ton premier cri.
on nous laisse
Je suis fière de toi, de moi, de nous, tout câest passé comme nous lâavions souhaité, dans la pénombre, doucement, comme Josiane nous lâavait dit, elle regarde naître les bébés.
Je découvre une nouvelle moi, un nouveau luiPour une nouvelle famille
Deux heures plus tard, après tâavoir pesé et habillé, nous rejoignons ma chambre debout sur mes deux jambes, une nouvelle vie commenceTa grande sœur viendra nous rejoindre un peu plus tard je revois sa tête quand elle tâa découverte, très fière dâêtre ta grande sœur
Tu es donc née le 13 février 2011 à 12h30, pesant 3kg970 et mesurant 51.5cm.