Vive la carotte j'ai envie de dire !
Lisez, lisez, vous allez comprendre.............
"PAS DE FRAUDE TANT QUE ÃA NâATTERRIT PAS SUR LE NET!
AMENDE ET 8 MOIS DE PRISON POUR LE MARCHAND
ATTEINTE AUX BONNES MœURS COMME DÃLIT PÃNAL
Des milliers de prospectus, avec cette photo, ont été distribués pour faire la promotion du «sex shop», très discret, ouvert dans le quartier populaire de Jamila, à Casablanca
Voilà une affaire judiciaire qui fera date! Le vendeur des «sex toys» et autres produits aphrodisiaques sur internet a écopé, jeudi 12 avril, de 8 mois de prison et 10.000 DH dâamende. Le tribunal de 1ère instance de Casablanca lâa condamné pour «importation détention et exposition dâimportation de produits licencieux (vibromasseur par exemple) et de diffusion dâimprimés et de photos contraires à la morale et aux bonnes mœurs». Les juges retiennent un autre délit. Lâaccusé aurait obtenu «sans y avoir droit» une autorisation du ministère de la Santé «après avoir fourni des données mensongères». Les juges du tribunal de Ain Sebâa ont ordonné également «la destruction des produits licencieux et la saisie de toute la marchandise existante». Le jeune commerçant dont lâactivité était basée au quartier Sbata (Hay Jamila 2 plus exactement) a fait lâobjet de poursuite judiciaire le 9 mars dernier et placé sous mandat de dépôt à la prison dâOukacha (LâEconomiste du 22 mars 2012).
Lâenquête judiciaire avait constaté que le prévenu disposait dâun registre de commerce pour la commercialisation de produits alimentaires à El Jadida. Lâaccusé, sâest servi de sa qualité de commerçant, pour importer par la suite des objets érotiques, lingerie sexy et stimulants sexuels. Lâidée de proposer de tels produits émane, selon ses déclarations aux juges, «suite à des recherches faites sur le net en vue de trouver une solution à ses problèmes sexuels». Son élan philanthropique couplé à son esprit dâentrepreneur lâaurait «poussé à répandre les bienfaits» de ces produits aux personnes souffrant de difficultés sexuelles. Le commerçant prend alors contact avec une société française. La livraison de la commande se fait via lâaéroport Mohammed V de Casablanca. Les douaniers refusent de lui remettre sa marchandise. Pour débloquer la procédure, lâimportateur fait valoir une facture à la Direction du médicament et de la pharmacie: «Elle porte exclusivement sur les produits aphrodisiaques (crèmes, pommades)». Mais aucune mention à un quelconque sex toy. Le ministère de la Santé donne son visa. Mais qui conditionne lâimportation de la marchandise et sa commercialisation «à un examen pharmacologique préalable des échantillons». Des interrogations persistent. Cette procédure a-t-elle été appliquée jusquâau bout? Autrement dit, lâhomologation sanitaire des produits importés a-t-elle était effectuée? Si lâautorisation du ministère nâa pas intégré les objets érotiques, comment expliquer quâils ont traversé la douane?
A part le volet réglementaire, lâaffaire du sex shop en ligne lève le voile sur des pratiques admises culturellement mais pas juridiquement. Le témoignage de lâaccusé relève que la clientèle a suivi. Câest dire quâil y a un marché, aussi «immoral» soit-il. Et quâen est-il du droit à la santé (à la jouissance?) lorsquâun impuissant sexuel a épuisé toutes les voies de recours (Viagra, Cialis.
)? Il existe un décalage entre le droit et la réalité et que le législateur doit combler.
Les herboristes ayant pignon sur rue, des souks notamment à Casablanca et de la place de Jamaâ El Fna devraient-ils croupir derrière les barreaux? Certes, il nâest pas question ici stricto sensu de fraude à la réglementation sanitaire ou douanière. Mais les cornes de gazelles (les vraies pas les pâtisseries), pattes dâéléphants moulues, la peau de hérisson et de porc-épic, voire la mouche anhydride
ne devraient-elles pas êtres homologuées? Sachant quâil sâagit là dâespèces protégées souvent victimes de braconnages et provenant de pays voisins. Le Net met «à nu» en fait une schizophrénie. Et pousse indirectement une société à sâinterroger sur ses valeurs et à se confronter à une hypocrisie sociale quâelle nourrit
Pour les sex toys, câest une autre histoire. Abdelbari Zamzmi, prêcheur et ex-parlementaire du Parti de la renaissance et de la vertu, ne voit aucun inconvénient à ce quâune «femme célibataire assouvisse son désir en usant de carottes et même dâun pilon»! Zamzmi, un des fondateurs de lâAssociation marocaine dâétudes et de recherches sur le Fikh, cite lâun des anciens fervents défenseurs de la masturbation. Lâimam Al-Choukani, ayant vécu il y a 2 siècles au Yémen, a écrit tout un essai sur la «masturbation halal» aussi bien des femmes que des hommes.
Dans le cas dâespèce, une prétendue morale fait que le droit condamne le «pêché» et pousse des citoyens à jouir en catimini dâune liberté individuelle.
Faiçal FAQUIHI"
www.leconomiste.com/article/893412-en-pr...t-des-aphrodisiaques