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Je suis journaliste. Mais je les connais par coeur...

Non... Je ne suis pas autiste. C'est vrai. Depuis 12 ans j'enquête sur le monde de la maternité, sur l'éducation et la santé mentale. J'enquête activement en étant immergée dans le monde de Madame Tout le monde, au front et quand les besoins se font sentir, je sacrifie toute ma vie pour comprendre, aller chercher l'information, tester. Je le fais déjà parce que c'est mon métier, mon rêve, ma passion et ma vocation. Et je le fais ensuite parce que je n'ai pas le choix. Parce que ça fait parti de mon histoire et que me taire c'est cautionner et collaborer et je refuse.

Parce que ma vie a elle même était happée par des tragédies que je ne souhaite pas aux autres et que je ne pense pas irrévocables.

Quand j'étais adolescente je suis tombée amoureuse de mon prof de maths et j'ai voulu mourir pour lui, pour notre amour impossible. Je pensais que la vie ne valait pas la peine d'être vécue sans son amour. J'ai fait des tentatives de suicide et je me suis retrouvée de plein pied dans le monde de la psychiatrie française. L'horreur. L'enfer sur terre... Dans les années 90 on considérait qu'une enfant qui voulait mourir était une folle. Philippe-Pierre Tedo, pedopsychiatre bordelais, m'a fait consommer des médicaments réservés aux adultes, dans des doses hallucinantes avant de m'interner dans un hôpital psychiatrique avec interdiction de toutes visites jusqu'à ce que mon oncle de Paris vienne me chercher et me sorte de là en prenant ma tutelle. Cet oncle bienveillant qui aurait très bien pu ne pas l'être et que les médecins ne connaissaient ni d'Eve ni d'Adam m'a sauvé la vie.

Une fois à Paris, avec mon oncle, des années de calvaire derrière moi, une psychologue mandatée par la Juge Aux Affaires Familiales pour expertiser mon cas, a eu la bonne idée de me faire passer un test de QI et m'a diagnostiqué Haut-potentiel. Surdouée en d'autre terme. Elle a fait cesser des années de cauchemar et d'errance et m'a surtout donné une clé, à moi, la jeune fille, pour comprendre un certain décalage... Mais aussi une clef pour l'institution.

J'ai pu grandir relativement plus tranquillement à partir de ce moment et j'ai fait de réels efforts d'adaptation pour avancer. Je n'ai jamais parlé de mon diagnostique à personne. Je ne voulais pas passer pour l'intello de service en plus de tout ce que j'avais déjà à gérer en terme de positionnement identitaire.

Mais, comme beaucoup de personnes diagnostiquées haut-potentiel, quand mes enfants sont nées, ont commencé à parler et à exprimer leur pensée, je me suis retrouvée violemment face à cette différence de fonctionnement neurologique, hériditaire... J'ai donc souhaité évité à mes enfants de passer par mon parcours chaotique et très tôt j'ai surveillé leur santé mentale en échangeant avec les parents qui étaient dans le même cas que moi... Et c'est là que je suis rentrée dans le monde enchanté de la douance sur Internet, les catacombes de l'innocence de l'enfance... Si au début j'ai pris beaucoup beaucoup de plaisir à échanger avec mes nouveaux amis, il ne s'est pas passé longtemps avant que notre refuge soit découvert et bientôt envahi par de nombreuses personnes se revendiquant de ce qu'ils pensaient être une grâce et que nous avions tous vécu comme un calvaire, même si nous avions tous conscience de nos avantages...

Personnellement, j'ai fuit assez vite et me suis mise en marge, mais j'ai continué à m'intéresser à l'autisme que je découvrais parce que je retrouvais en moi des fonctionnements très très proche du fonctionnement des autistes. Pour une raison très simple : les personnes à haut-potentiel ou à très haut potentiel peuvent se rapprocher du spectre de l'autisme avec ou sans trouble, ça fait partie du cadeau... Il m'a fallut un an de consultation avec un neuropsychologue spécialiste du trouble du spectre de l'autisme pour comprendre comment je fonctionnais, ce qui pouvait provoquer le trouble et comment je pouvais me réadapter toute seule pour rester en harmonie avec la société.

Je voulais retourner en arrière dans le monde de la psyschiatrie. J'ai replongé en enfance, recherché mes dossiers (que l'on me rendait vides), recherché des diagnostiques qui n'existaient pas... Je voulais tester les Centres de Ressources Autisme pour adulte comme pour enfant... Pendant plus d'un an j'ai regardé leur fonctionnement, j'ai lu leurs adeptes... J'ai compris que la psychiatrie est un marché dans lequel il vaut mieux éviter de tomber et qu'on peut tous être interné du jour au lendemain sans aucune raison valable pour peu que cela soit "bien" amené par les personnes compétentes dans cette dinguerie... Chaque jour des gens sont privés de leur liberté, enfermés parce qu'un membre de leur famille a eu les moyens de le faire alors qu'ils sont sains d'esprit et traversent un moment douloureux... Il y a des drames humains d'une puissance cosmique qui se jouent sous le regard de tout le monde et personne ne bouge... Ou trop peu. Les familles ne sont pas assez sensibilisées à ce qu'est la réalité du monde de la santé mentale en France et de l'importance qu'il y a à en prendre soin et à apprendre à devenir autonome dans leur soin de leur propre santé mentale...

Pendant tout ce temps et jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais expliqué que je ne suis pas autiste. Au contraire, je me suis mise du côté des autistes, j'ai porté ce mot avec eux et je reste de leur côté. Parce que ce qui se passe en France concernant le traitement fait eu autiste est à vomir. C'est de la barbarie pure. Tant du côté des parents des autistes qui ne prennent pas leurs responsabilités, que du côté des soignants qui n'ont plus que le mot comme apaisement pour les patients qui portent bien leur nom pour le coups. C'est une horreur sans nom... Je pense qu'une des meilleures décisions qui a été prise en Autistan, c'est de ne plus scinder les différents niveaux de trouble du spectre et de considérer qu'un asperger est un autiste au même titre qu'un autiste non verbal ou de haut niveau. Parce que ça montre que la barrière n'est pas fermé et qu'il est possible de faire avancer tout le monde avec du travail, de l'amour, de l'intelligence, de la volonté et de la bienveillance.

J'ai vu des parents pousser leur enfant à jouer les autistes pour toucher les aides et être accompagné à l'école par une assistante qui pour le coups ne serait pas aux côtés des enfants qui ont des troubles plus sévères... Ces parents là, je les avais déjà vu payer très cher des tests de QI qui allaient permettre à leur enfant d'avoir la même assistante de vie scolaire ou l'ordinateur pour le petit en classe parce qu'il est dysquelque chose. Je n'ai pas honte de singer ces gens là... Parce que c'est eux qui devraient avoir honte. Le plus souvent ce sont des gens qui ont un haut niveau d'instruction et qui pourraient s'occuper de leur enfant tout seul pour qu'il soit en paix avec les autres, mais ils ont préféré gruger le système aux détriments des petits que du coups l'état à préférer laisser chez eux faute de moyen...

Et parlons en de ces enfants laissés chez eux... Qui les a fait ? Qui les a fait venir sur terre ? L'état ??? Quelle honte de mettre au monde en enfant et de ne pas vouloir l'amener soi même vers les autres en toute douceur et bienveillance... Quelle misère mentale... L'enfant ne peut avoir comme sentiment que celui que ni ses parents, ni les autres ne veulent passer du temps avec lui... Comment se construire là dedans ? Et ce n'est pas la faute de l'école si le parent fait ressentir à son enfant que le monde ne veut pas de lui, c'est avant tout la responsabilité du parent de ne pas placer son enfant dans une situation d'échec aussi merdique. Pour un enfant normal l'école est déjà une catastrophe alors pour un petit fragile psychologiquement et différent, quel massacre ! Sans parler du droit des autres enfants à ne pas rencontrer la folie et la violence en plus de ce que représente déjà l'école en terme de folie et de violence...

A partir de 2015, je me suis clairement placé du côté des autistes, j'ai milité pour leur droit et me suis revendiquée comme une des leurs et jusqu'à aujourd'hui je reste de leur côté. Nous avons gagné des heures de silence dans les supermarchés... Drôle de guerre. Je continuerai à rester du côté des autistes... Mais je ne suis pas une autiste. Je regrette qu'on ne partage pas plus le point de vue des autistes et l'indicible monde de l'humanité qui sait encore ressentir, vivre, partager, aimer, en silence...

Pendant 5 ans du côté des autistes, j'en ai appris plus sur moi et sur l'humain que pendant 30... J'ai vécu des échanges sans paroles d'une intensité si grande... J'ai découvert mon corps comme jamais auparavant et nous sommes devenues amies. Mon instinct s'est affûté et ma main a pris de l'assurance. J'ai apPris à Ecrire haut, Enfant et A voLer de Mes propres AiLes...

C'était magique.

Mais j'ai aussi appris le rejet, l'exclusion, la haine, la solitude... L'incompréhension, la peur, la mesquinerie...

C'était horrible.

Si j'ai honte de quelque chose après cette expérience, c'est de faire partie naturellement de ceux qui ne sont pas autiste et ne savent pas garder leur coeur tendre et ouvert sans faire d'effort. Mais ce qui me console, c'est qu'après cette expérience, je sais que ça peut se travailler et qu'on peut espérer se mettre haut niveau...

*Comme souvent quand le sujet est un peu sensible pour moi j'ai des difficultés à me relire, je vous demande donc de pardonner mes fautes.


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